Quatorze ans que j’ai perdu mon Nicolas, il n’avait que dix-sept ans mais je pense tous les jours à lui, il me manque tellement, je l’aime tant.
Depuis, j’ai parcouru du chemin, rencontré du monde mais finalement je me retrouve continuellement seule car la perte de mon enfant m’a définitivement coupé des autres.
La solitude dans la souffrance !
Lorsqu’on a perdu son enfant, la solitude est un sujet qui revient beaucoup et auquel on n’échappe pas. Pour beaucoup, elle sera provisoire, pour d’autres, elle les accompagnera dans leur vie définitivement.
La solitude ! Je la vis depuis si longtemps depuis que j’ai perdu mon Nicolas et ensuite mon mari dont le cœur a lâché. Les gens qui changent de trottoir ou regardent brusquement leurs chaussures même encore aujourd’hui, je les connais !
Mais ces gens sont bien ignorants, ils ne savent pas que je vis avec mon fils, que je lui parle, que je pense tout le temps à lui, que je l’aime éperdument. Ils ne savent pas ma certitude de le retrouver un jour parce que j’ai la foi qui engendre chez moi une espérance folle; ils ne savent pas tout le chemin que j’ai parcouru pour être à peu près vivante dans ce monde, non !
Ils ne veulent pas savoir parce qu’ils ne veulent pas être dérangés dans leur petit confort, ils préfèrent ne pas me voir, mais en définitive comme la foi me donne des ailes, j’aime ma solitude même si parfois elle est lourde à porter quand la tristesse m’envahit, que les larmes coulent, quand j’aurais tellement envie de partager.
Je l’aime quand même, elle me permet de me recueillir, d’avoir une vie intérieure, de me rendre dans des lieux où j’aime me ressourcer et où je fais de belles rencontres.
Et puis je suis riche d’un bagage inestimable, la rencontre avec d’autres parents ayant vécu le même drame, avec lesquels je peux échanger, partager, nous vivons alors dans le même monde et nous laissons tomber nos masques.
Chantal (de Suisse)
Mon fils, le plus jeune, 56 ans, est parti le 1er février 2000, son papa nous avait quitté fin 2017.
Tous deux emportés par un cancer.
Depuis 2017 j’essaie de vivre. Sans l’aide des prières que je rejette. Oui je rejette ce Dieu de toute une vie, qui m'a infligé le départ de mes deux amours! J’ai du mal à supporter les gens auteur de moi. Il me semble que leurs bavardages sont insipides, ridicules, insignifiants... et tellement futiles. Le Covid... Quel Covid? Le beau temps... Quel beau temps ? Le beau temps... Ah, il fait beau ?
J’essaie avec l’aide des médecins et les traitements d’avancer, de survivre. Mais je sais que ma Joie, mon espérance et l’avenir ne sont que des mots pour moi. Heureusement mon grand âge me permet de penser que bientôt j’irai retrouver mes deux Amours.
Cordialement à tous et toutes et je vous souhaite la sérénité qui me manque.
Nous étions très fusionnels depuis toujours et ces dernières années, nous habitions ensemble, puisque séparés tous les deux, lui en Province dans une grande maison vide et moi en banlieue parisienne avec une pièce vide.
Pas un jour sans larme, d'ailleurs aujourd'hui alors que devais faire une course, je suis rentrée chez moi et suis tombée en pleurs.
Moi aussi j'ai envie de le retrouver, il me manque tant...
Tenez bon Jacqueline pour ceux qui restent. Mes amitiés
Ma fille aînée Stefanie, décédée violemment des suites d'un accident de la route... Elle avait 17 ans et 10 mois. Nous étions le 1er novembre 2007.
Quatorze années se sont écoulées et le temps n'a rien estompé : ma douleur, mes ressentis, cette colère, l'injustice, cette bulle dans laquelle j'essaie de respirer, tout n'est qu'illusoire, faux semblant; je suis sur une autre planète, en parallèle du monde des gens "normaux"... et je refuse toujours l'idée que cela ait pu arriver.
Je ne pense pas que l'on puisse se remettre du départ de son enfant, je mens aux autres en inventant que ma grande fille fait le tour du monde, j'évite de sombrer, la vérité est difficile à encaisser pour les autres, ils ont peur de la contagion et pire, je suis considérée comme une extra terrestre avec des supers pouvoirs de résistance.
Mais je ne suis rien de cela, j'affiche parfois un sourire qui sonne faux, j'ai ce ressenti de trouver que la plupart des gens sont trop "cons" pour comprendre. Ils me parlent de leurs parents décédés à l âge de 90 ans... et moi je m'en fous car je trouve cela normal.
J'ai 54 ans, ma vie s'est stoppée trois semaines après mes 40 ans, oui, je me suis raccrochée à ma deuxième fille, oui pour elle je fais la forte. Mais soyons honnête, les cartes sont faussées car, en mon intérieur, je suis morte.
Moi aussi, j'ai perdu mon fils dans un accident de voiture : il avait 26 ans. Je me retrouve dans tes propos, tu as tout dit et c'est tellement vrai.
C'est trop dur de voir que la vie continue sans nos enfants, ce ne sera plus jamais pareil, on a pris perpète !
N'hésitez pas si besoin.
Affectueusement,
Ma fille Mylène de 31 ans vient de nous quitter fin août brutalement et violemment dans un accident piéton. Elle était artiste, elle aimait le surf et était passionnée par l'univers du loup.
Elle vivait à Seignosse - Hossegor où elle avait trouvé son port d'attache, elle qui voyageait tant à travers le monde pour trouver son inspiration, elle était notre enfant unique.
Depuis quelques jours, ma douleur du chagrin grandit sans en connaître les limites, j'ai peur de ces mots "Apprivoiser son absence".
Marcher pas à pas pour que notre amour vibre à nouveau entre nous, est-ce possible ?
Comment...
Vos mots sont justes et lumineux... La solitude est aussi à apprivoiser, un nouveau compagnon de voyage dans cette valise maintenant si lourdement remplie, ou trouver ce rayon de soleil...
Avec toute ma sympathie,
Olivier
J'ai perdu mon Antoine le 18 janvier dernier âgé de 22 ans, il a décidé de mettre fin à ses jours dans une clinique spécialisée. Nous avons mené avec son père un long combat pour le soutenir, l'accompagner dans ses tourments... Nous nous sommes battus aussi pour lui trouver un lieu une équipe médicale pouvant l'accueillir et l'aider.
Mon Antoine était brillant et différent, il n'a pas su trouver sa place dans notre société. Il avait un mal de vivre incommensurable... A cela s’ajoute la drogue et l'alcool.
Deux heures avant son acte nous avons eu une dispute. Je n'arrive pas à me le pardonner, je n'ai pas entendu son appel au secours cette fois-ci.
Je ne sais pas comment je vais faire. Je fais semblant de vivre, je survis. Il m'est difficile de me lever le matin et de faire comme si de rien n'était toute la journée... Le sourire aux lèvres... Le «ça va ?» du matin ... Ecouter la misère des autres comme s'ils se sentent obligés de raconter la leur pour apaiser la mienne...
Je suis déchirée le cœur vide et lourd. Comment vivre ?
Sylvie A
Nord
Comment concevoir qu'il n'existe plus, comment est-ce possible, comment survivre ? Cinq ans après, rien n'y personne ne peut adoucir mon immense chagrin.
Mon enfant tant aimé m'habite, je le porte partout où que je sois. Je continue la route pour le faire vivre et pour ne pas dévaster un peu plus ma fille.
Depuis je vis en parallèle à côté des autres. Je sais que jamais cet immense chagrin ne me quittera.
J'ai perdu aussi mon fils Nicolas il y a 22 ans (il avait 20 ans).
J'était anéantie, j'ai cru mourir de chagrin. J'ai la chance d'avoir deux autres enfants plus jeunes qui m'on fait de merveilleux petits fils. J'ai envie de vivre aujourd'hui mais j'ai parcouru un long chemin de deuil. Il faut garder courage même si ce n'est pas facile (pour moi dix années de deuil difficile).
J'ai trouvé dans les affaires de mon fils peu de temps après son décès accidentel un livre d'Elisabeth Kubler Ross, La mort est un nouveau soleil, ce qui m'a beaucoup aidé.
Aujourd'hui, je dis que la mort de mon fils m'a ouvert le cœur car je sais maintenant que l'essentiel de la vie c'est l'amour au sens large.
Courage à vous, avec toute mon amitié,
Elisabeth
Pourtant, en ce qui me concerne, je ne suis plus jamais vraiment "posée" nulle part, excepté auprès de mes autres enfants ; parce qu'ils l'aiment, parce qu'il leur manque, parce que je sais qu'ils m'acceptent porteuse de cette marge vénéneuse qu'aucun autre -sauf ceux qui vivent la même chose- ne peut envisager, qu'aucun autre ne supporterait de voir, de fréquenter, en connaissance de cause (enfin, je crois). Je sais que ça rassure tout le monde de voir que la plupart du temps, je vis assez bien, et souvent vraiment très bien. Alors je le fais. De mon mieux.
Je viens à votre rencontre car j’ai besoin de votre éclairage. Une connaissance a perdu il y a 5 ans sa fille de 12 ans dans un accident. Elle m'a partagé son immense douleur, je suis touchée mais si démunie.
Nous habitons loin l'une de l’autre.
Je me trouve très maladroite, et j'ai peur d'être plus pesante qu'une ressource pour elle.
J'aimerais la soutenir mais comment ? Un immense merci pour votre aide.
Marie-Hélène
S'il n'y avait pas son frère, je crois que ma vie n'aurait plus de sens.
La mort d'un enfant nous plonge dans une solitude absolue et rien ni personne ne peut nous consoler.
C'est irrémédiable!
Au bout de 28 ans que "mon" Nicolas a disparu (il n'est pas parti, je ne crois pas, mais quoi qu'il en soit, il n'a plus "paru", sauf en rêve), à 16 ans 1/2, je continue de parler de lui encore et encore, et de dire "mes fils" au passé, sans autre explication : pendant ce temps, il vit, dans le passé.
Etc.
Même ressenti, même solitude devenue mon amie, introspection, regard décalé ou avant-gardiste, connexion avec notre enfant ....
Nous sommes toutes fortes et pleines de courage.
Amitiés,
Gaëlle
Mon fils Boris (26 ans)a décidé de nous quitter le 17/03 dernier. Il était bon pour les autres mais probablement pas assez pour lui-même; nous sommes sidérés, anéantis ; et cherchons à comprendre...
Une rupture affective (amoureuse) difficile à surmonter a eu raison de ses moteurs de vie. Nous le pleurons quotidiennement. Notre coeur est amputé.
A 20 ans, on attend tout de l'autre, à 30 ans on comprend que ce n'est pas Dieu.
J'aimerais tellement pouvoir lui exprimer un peu plus encore ma fierté, mon admiration de le voir s'être construit une belle personne; notre fils va nous accompagner jusqu'à la fin de nos jours.
Pour tous ceux qui sont là vivants, ses grands-parents, ses cousins, son frère de 14 ans, je garde l'espoir d'une vie apaisée en union de pensée avec son esprit.
Nous chantions souvent ensemble en voiture et quand certains morceaux passent à la radio et que je suis au volant, je regarde le siège passager et je vois mon fils qui chante. Il avait 20 ans et a lutté 9 ans contre le cancer.