Presse

Sur mon agenda

Panorama - Anne-Dauphine Julliand - Septembre 2020

Comme tous ceux qui reprennent en septembre le chemin de l’école, je commence en ce mois de rentrée un nouvel agenda. Pas de ceux que l’on enregistre dans un ordinateur ou dans un téléphone, mais une version traditionnelle, en papier. J’ai le même modèle depuis longtemps, avec deux pages pour une semaine, chaque jour concentré en une petite case qui m’oblige à une écriture abrégée et serrée. Seule la couleur de la couverture change d’une année sur l’autre, pour les différencier quand ils seront rangés sur l’étagère de mon bureau, témoin précieux du temps et mémoire des événements.

Dès le début de septembre, je fais défiler les mois pour y annoter les grandes dates qui vont ponctuer l’année : les examens de mes enfants, mes échéances professionnelles, les vacances également. J’écris également tous les anniversaires à souhaiter, ceux de ma famille, mes amis et ceux qui me sont chers. Je les reporte souvent d’une année sur l’autre en me fiant à mon agenda passé. Certains n’attachent guère d’importance à ces dates. Moi je n’en manque pas une, écrite à l’encre rouge en haut des jours. Au fil du temps, les anniversaires sont de plus en plus nombreux.

Désormais, jamais une semaine ne se passe sans une date particulière. Il y a les anniversaires des événements heureux, les naissances, les mariages, que l’on souhaite le cœur léger. Mais il y a aussi ceux qui sont teintés de l’ombre de la peine. Ces anniversaires pour lesquels on ne souffle aucune bougie en chantant fort et en trinquant. Ceux qui plongent dans le souvenir vivant de ceux qui manquent à nos vies. Je les note au même titre que leurs compères heureux. Pour ne pas oublier de me manifester auprès de ceux qui souffrent ce jour-là. Il n’est pas besoin d’en faire beaucoup. Un simple geste suffit souvent pour dire à l’autre que l’on connait sa peine. Et que l’on est avec lui en cette date douloureuse. Parce que je sais combien un message, un mot, un appel peut consoler quand le cœur est lourd d’une année ajoutée.

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Perdre un enfant, en pleine pandémie

La Presse - Catherine Handfield - 16 septembre 2020

Il n’y a pas de bon moment pour perdre un enfant. Mais quand une telle tragédie survient en pleine pandémie, ça prive les parents de souvenirs précieux. Rencontre avec Mike et Mélanie, dont la fille Mia a été emportée par le cancer le 1er avril.

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Tu seras un homme papa, une autofiction qui frappe au cœur sur Arte radio

Télérama - Carole Lefrançois - 2 juin 2020

Comment raconter l’impensable, la perte d’un enfant ? Gaël Leiblang l’a fait à travers la pièce Tu seras un homme papa, écrite après la mort de son fils Roman atteint du syndrome Charge, une maladie génétique rare. Une œuvre nourrie de résilience, jouée sur scène par cet ancien journaliste devenu comédien – déjà auteur, réalisateur et producteur – afin de survivre au chagrin. Elle est aujourd’hui adaptée pour Arte Radio

Ecouter le podcast d'Arte en cliquant sur ce lien

On l’entend y dérouler le drame à la manière d’un commentateur sportif : sur la ligne de départ, un nouveau-né, dans les starting-blocks de son existence. Le petit part avec de sérieux désavantages, mais son père lui murmure : "Je connais les athlètes : grands ou petits, les plus grands champions sont toujours à la limite de la norme". Avec la combativité d’un coach, Gaël Leiblang multiplie les métaphores émouvantes portées par des acclamations de finales historiques. Il cite comme autant de prières les légendes du sport, dont le boxeur Mohamed Ali : "Vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne". Une pièce puissante comme un uppercut.

Comment avez-vous transposé à la radio ce seul-en-scène à la dimension physique importante ?
Sur scène, on déclame, à la radio, on se réapproprie la voix en parlant à l’oreille de l’auditeur, avec une certaine tessiture, presque minimaliste. Sabine Zovighian a adapté les dialogues au format podcast, en m’invitant à beaucoup de douceur. C’est agréable de revenir à une sorte de sincérité à travers la voix. Cinq ans après la mort de mon fils Roman, trois ans après la création de la pièce, j’étais prêt à me saisir de ce récit d’une manière plus apaisée.

Le sport, c’est la rampe sur laquelle je m’appuie pour déployer l’émotion !

Quelle nouvelle approche du récit le podcast propose-t-il ?
J’ai découvert la fabrication d’un podcast en racontant l’histoire d’une autre manière, dans une substance hyper réaliste : mes parents, mes enfants ont participé en studio, nous avons même fait des captations de vie de famille à la maison, dans notre boulangerie et notre rue. Le podcast permet de retrouver quelque chose de très vrai. L’émotion en est décuplée dans l’écoute individuelle, proche du réel ; à la différence du théâtre, où l’on est certes seul sur son siège mais aussi dans un collectif de spectateurs face à la scène.

Pourquoi aborder cette histoire comme une épreuve sportive ?
J’ai écrit cette pièce dans une urgence vitale, en me raccrochant au sport. Mon père était rédacteur en chef d’Onze et j’ai moi-même été journaliste sportif. Je connais la sémantique, les chiffres, je peux utiliser le langage employé sur les plateaux de télé. Le sport, c’est la rampe sur laquelle je m’appuie pour déployer l’émotion ! J’étais comme Rocky qui a perdu son fils et s’est relevé pour Adrienne. Si j’avais maîtrisé un autre art, j’en aurais fait la colonne vertébrale de ma pièce.

Voir la page d'Arte Radio : Tu seras un homme papa

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