« Un an après la mort de notre fils Nicolas, notre famille n’avait pas progressé sur le chemin du deuil. Nous étions tous emmurés dans notre chagrin immense : nous n’allions plus vers les autres, restant incapables de communiquer ou de nous projeter dans l’avenir, souffrant du fait que plus personne ne semblait tenir compte du drame qui nous avait projetés en dehors de nos vies.
Ayant connu l’association au travers du fascicule « Repères pour vous, parents en deuil » qui nous avait été remis à l’IGR (Institut Gustave Roussy) quelques mois avant le décès de Nicolas, nous nous sommes décidés à abattre les masques et à participer à un groupe d’entraide. Nos douze réunions ont été pour moi des moments de partage, de réflexion et d’écoute extrêmement forts.
Notre groupe, constitué de personnes d’horizons très différents, a rapidement réussi à établir les bases d’un dialogue vrai et profond, dans lequel le respect et la compassion sont devenus les bases de notre relation. Cette année passée ensemble, rythmée par les anniversaires de naissance et de mort, par les fêtes et les vacances, m’a permis de comprendre que je n’étais pas anormal et que cette confusion de sentiments dans laquelle je (sur)vivais était commune à tous les membres du groupe. Nous avons souvent ri et pleuré ; nous avons osé nous dire des choses que nous ne pouvions partager avec nos plus proches, voire même au sein de notre couple.
Après cette année de partage intense, je pense être différent : ma plaie reste béante ; mais je sais que je suis sur la même route que mes compagnons, et que mon malheur n’est qu’un parmi tant d’autres souvent plus lourds à porter. Mesurant l’importance de l’aide que nous a apportée l’association Apprivoiser l’Absence, j’espère pouvoir envisager un jour de porter à mon tour secours à d’autres, lorsque j’aurai cicatrisé ma blessure. »
Arnaud, groupe AlA IdF-28
Que faire quand on ne fait que pleurer ? Je lui parle, je lui demande s'il se savait condamner. Pourquoi il ne me l'a pas dit ? J'aurais pu faire tant de choses avec lui, lui poser des questions qu'il n'a pas osé me dire de peur de me faire de la peine.
Je suis à bout, je n'y arrive pas.
Mon fils Romain est mort il y 14 jours dans un accident de moto à 21 ans : une voiture a coupé sa route, pas de témoin.
Plus les jours passent, plus je sombre... J'ai un second fils de 15 ans, tellement courageux, mais qui m'inquiète beaucoup. Il inverse les rôles et me protège: allez maman, pleure devant moi, c'est pas grave; alors que lui se cache pour pleurer (il me l'a dit).
Je suis arrêtée en ce moment; la journée, je dois traiter tous les dossiers administratifs et après j'erre dans la maison, je pleure; pourtant j'ai un traitement.
Mon mari travaille le matin, pas possible de faire plus en ce moment, mais il ne pleure plus; il me dit qu'il n'a plus de larmes. Mais si je craque, il me demande de ne pas pleurer, de faire attention à notre deuxième fils, je n'y arrive pas. Il me dit que je rends malade notre fils, que nous allons tous sombrer à cause de moi... Alors le soir, je sors dans un parc voisin, je me cache et je pleure.
Je commence à ne plus supporter mon mari (avant le décès, nous avions des problèmes de couple). Mais je dois tenir pour Benjamin. J'ai demandé un rendez-vous en urgence chez un psy car je sombre: je n'arrive plus à manger, pour quoi faire, comment prendre du plaisir avec un repas alors que mon fils est mort?
Je n'ai pas de haine, de colère envers le chauffard,pas encore. Je fais semblant avec mes amies, sa petite amie... Alors que je veux rester roulée en boule sur sa tombe. Comment avez-vous fait ? Quand je vois les commentaires de certaines, qui souffrent autant 10 ans plus tard, je me dis à quoi bon continuer, pourquoi si longtemps. Ces commentaires me terrorisent : une si longue souffrance, comment faire ? Je n'y arriverai pas... Bien sûr, je ne peux pas partir, j'ai mon dernier fils mais cela me semble insurmontable, irréalisable...
Je comprends votre souffrance. Notre fils Alistair est décédé le 22 mars 2018 à 22 ans. Il rentrait d’une soirée intime d’anniversaire à vélo et en est descendu pour une raison inconnue à 2:20 du matin. La police l’a retrouvé mort dans la rue à 16h.
Personne ne peut prévoir ce qui nous arrivera demain. Vous pouvez pleurer en cachette pour ne pas affecter les autres mais le mieux est de trouver de l’aide avec un psy qui vous prend tous ensemble en thérapie familiale.
Vous avez le centre médico psychologique dans chaque commune qui pour un deuil vous accueille en urgence. Prenez rendez-vous avec un infirmier psychologue. C’est gratuit. Ils sont là pour vous voir même plusieurs fois dans la semaine.
Courage. Répétez-vous que le temps va apaiser votre douleur. Votre fils décédé vous voit et il a besoin de vous voir forte pour que son âme s’élève.
Nous sommes tous ici pour apprendre quelque chose. Acceptez de continuer à vivre pour découvrir ce quelque chose. Faites de nouveaux hobbies pour rencontrer des personnes nouvelles qui ne connaissent pas votre malheur. Aimez votre mari et pardonnez-lui de ne pas supporter vos pleurs.
Je vous souhaite beaucoup d’amour pour toujours.
Tendrement,
Isabelle B
je viens de lire votre témoignage et moi-même ayant perdu mon fils en moto il y a maintenant 1 an et demi, je revis vos émotions. Il laisse un frère seul qui "reprend le flambeau", courageux mais aussi dévasté, ayant perdu la légèreté de la jeunesse.
Comment vous aider? Je ne sais pas vraiment, il n'y a pas à mon sens de recette, notre cerveau, notre inconscient travaillent pour nous et essayent de trouver une solution à cette épreuve absolue. Je vois bien que malgré moi le temps me fait passer des étapes. Je ne suis plus la même depuis l'accident.
Il est évident que la douleur semble nous tuer et pourtant, nous n'arrivons pas à mourir.
On dit qu'il faut accepter, je ne dirais pas cela: j'essaye de faire avec une réalité qui ne nous convient pas. L'absence est permanente, pesante et notre enfant mort nous manque, mais le lien qui nous unit reste vivant. Son corps n'existe plus mais mon amour pour lui est vivant, que vais-je faire de cet amour? Là est le dilemme.
Je m'autorise à penser que je dois "me" retrouver, comme j'étais avant qu'il n'existe, car avant lui, j'étais vivante et joyeuse. J'en avais la capacité et j'ai vécu le bonheur. Je sais que cela existe. Je me dois de me retrouver un jour, en sachant que ce ne sera plus comme avant et qu'un morceau de ma vie manquera, mais que ma vie va aussi passer très vite et j'ai aussi envie de regarder le soleil le matin et pouvoir me dire: "quelle belle journée, elle est pour moi, j'ai la chance d'être en vie".
Les moments que j'ai passés avec lui, je les ai vécus une fois, en prenant conscience de cette chance. Mais on ne peut retenir ces moments, ni les revivre une deuxième fois. Le temps passe et notre esprit "range" les souvenirs dans des dossiers chronologiques.
Depuis sa mort, mon esprit a été occupé par plein d'autres choses: douleur, dossiers administratifs, relations familiales, amitiés... et de toutes petites joies aussi. Notre cerveau d'humain étant bien fait, il trie les informations récentes, on ne peut pas tout emmagasiner, on deviendrait fou. Je sens bien que le dernier jour où je l'ai vu s'éloigne.
Il y aurait tant à dire.
Cette nuit, j'ai rêvé de lui. Ce n'était pas un souvenir. Il s'agissait d'une situation nouvelle. Il était là, souriant et en pleine vie et son image était si vraie et plus précise que dans un souvenir que cela m'a fait du bien. Je l'ai revu !
Il ne venait pas à moi, mais mon rêve allait vers lui parce que sûrement j'en avais besoin.
Si ces quelques mots ont pu vous aider et vous apporter un peu de courage, tant mieux. Nous en avons tant besoin.
Affectueusement.
Carole
Votre témoignage me touche car nous sommes, ma femme et moi comme vous, hélas; nous avons perdu notre fils dans sa vingtième année le 04/02/2018 presqu'un an déjà. Et comme vous, c'était un Romain.
J'essaie de trouver des pistes pour me reconstruire mais avant tout; faites-vous plaisir par de petites choses, c'est franchement important;
Le 14/01/2019, il y a une conférence à Paris de Lytta Basset, sur le sujet (c'est indiqué sur le site); je pense que ce sera très constructif car nous avons besoin de nous reconstruire, nous n'avons pas le choix.
Faites-le pour votre Romain, mais aussi pour votre deuxième fils.
Je vous souhaite une bonne année 2019
Cordialement vôtre,
Anthony
J'ai maintenant soixante-huit ans et c'est pareil. Je vis seule, j'ai l'impression d'un gâchis total; les repas de famille, les sorties, les loisirs, j'en ai, mais je m'ennuie partout; personne ne comprend.
J'ai accepté la vie sans mon fils mais je ne supporte pas l'indifférence des autres. J'ai encore envie de hurler ma souffrance, cachée derrière une très belle apparence; les gens confondent l'être et le paraître.
Il faudrait une loi pour nous reconnaître; on perd un mari, on est veuve; un parent, orphelin; un enfant, ils n'ont pas trouvé de mot, c'est insensé. En plus, même pas une demi part aux impôts.
J'en veux au monde entier, aux gens heureux; j'ai tout essayé et à chaque date d'anniversaire, je plonge. Les repas de famille, les femmes de mon âge qui ne parlent que d'enfants; je me sens en option, partout. Je voulais refaire ma vie, pas pu; pour les hommes, j'étais une femme paumée, même belle.
Non, on ne fait pas le deuil d'un enfant. J'ai l'impression d'avoir pris trente ans de prison. Je suis enfermée dans mon malheur, je vis avec mon fils à qui je pense sans cesse; il n'y a pas de solution, ni de compréhension, ni d'empathie des autres et je leur en veux.
Le seul avantage, c'est que je n'ai pas peur de la mort puisque j'irai avec mon fils Richard; les autres ont peur de laisser leurs enfants, moi je ne laisserai rien. C'est une chance dans cette société.
Voilà, c'est un parcours du combattant : on combat mais on ne vit pas.
Au moment où j'écris ces lignes, nous ne savons toujours pas de quoi notre fils est décédé. Même le légiste ne s'est pas prononcé. La police a conclu à un accident tragique et n'a pas enquêté malgré des témoignages troublants.
Cette même police nous a beaucoup menti, ce qui fait qu'à ce jour, nous nous posons beaucoup de questions.
Mon fils a été vu pour la dernière fois, en sortant de son travail, à 2h30, sa montre s'est arrêtée à 2h40.
Ces 10 minutes qui le sépare de sa vie à sa mort sont vides...
Il n'y a aucune association de ce type dans ma ville, aucun soutien non plus de la famille et des amis.
J'ai décidé de me battre, pour que les quais de ma ville soient enfin sécurisés, dans un premier temps; puis dans un second temps, nous faisons tout notre possible pour être entendus par la procureure qui a pris en charge ce dossier, afin qu'elle nous explique les mensonges de la police et l'absence de vérification de certains témoignages.
Aujourd'hui, je suis en arrêt, j'avais repris mon travail trois semaines après les obsèques de notre fils. J'ai sombré le 23 décembre. Depuis je m'enferme, je m'isole, j'ai choisi la solitude parce que personne autour de moi ne peut comprendre ce que je ressens. je suis aidée par des rendez-vous réguliers chez un psy. Je suis en pleine dépression, et je n'ai aucune envie de rien, je ne sais même plus quel sens donner à ma vie.
Personne ne me parle de mon fils, je pense que c'est ça le plus cruel après sa mort. C'est comme s'il n'avait jamais existé. Alors j'écris, chaque soir, parfois une seule ligne, parfois plusieurs pages. Je parle à mon fils, parce que moi, je ne peux pas et je ne veux pas qu'on l'oublie.
Les personnes fuient, baissent le regard. A part quelques amies, mais je suis seule avec mon mari... bientôt arrive le 25 avril jour de son anniversaire, donc je vais faire son anniversaire pour qu'il puisse être toujours là, avec nous, il a vécu et trop de personnes l'oublie. Il faut les faire vivre à travers nous, leurs parents ou maman, faire honneur à leur vie que des personnes ont prise.
Je ne travaille pas pour l'instant, je me laisse le temps de reprendre ma vie. Je vois un psy aussi et cela me fait du bien, tout cela pour te dire : "avance comme tu le peux". Pour ma part, j'ai repris la marche toute seule, fait des activités suivant mon état de fatigue et parfois je recule mais je reprends goût à la vie doucement...
Ton fils est là, parle-lui. Ecrire fait du bien, comme tu le fais. Pour les gens autour de toi, ne t'en occupe plus, vis pour toi comme je le fais actuellement ; accepte des nouveaux amis qui eux seront à même de t'écouter.
Courage Isabelle, je t'envoie plein de force et de volonté pour l'avenir, et surtout pense à toi.
Je t'embrasse, courage.
Le 28 mai, anniversaire de sa naissance, mon beau bébé bleu...
Ali Babette
J'ai 27 ans.
Ma petite sœur de 21 ans s'est suicidée en avril 2013. Nous étions très proches et je n'ai rien vu venir. J'étais pourtant très présente pour elle. Son décès a dévasté ma famille. Mon couple n'a pas survécu à ce drame, mon mari (mon ami d'enfance n'a pas su comprendre ma peine) et nous avons divorcé. Mes parents ne se sont jamais remis du décès de Clémentine et se sont donné la mort par pendaison. Le 28 octobre 2014 pour ma maman et le 18 novembre 2014 pour mon papa. Maintenant il ne reste que moi dans notre famille. Que c'est injuste... Pourquoi moi à 26 ans dois-je affronter et supporter ce qui a été trop lourd à porter pour des personnes plus âgées et matures que moi ? Pourtant un an après, je suis toujours là! Ma vie quotidienne est un combat perpétuel. Les amis présents au moment des décès ne se souviennent plus... Pour les autres, la vie continue. Pour moi, elle doit continuer, avec leurs souvenirs, en leur restant fidèle et essayant de garder le positif. J'ai eu la surprise de tomber enceinte il y a quelques mois. Je ne voulais pourtant pas d'enfant. Je ne voulais pas qu'il subisse ce que j'ai vécu. Mais je me dit que c'est un cadeau de la vie... Une chance de construire ma propre famille et de ne pas répéter les erreurs du passé. Je dois reconstruire ma maison pierre par pierre après une tempête qui a tout dévasté sur son passage. Mais j'y arriverai! Tout cela pour vous dire, à vous parents qui avez perdu un enfant, de ne pas lâcher prise! Vos enfants, survivants de ce raz de marée, ont besoin de vous ! Reportez tout votre amour sur eux, ils sont votre bouée de sauvetage. Et surtout, ne les laissez pas de côté!
seule devant mon écran, le téléphone éteint car je ne veux pas lire de messages de bonne année...
Demain je le rallumerai et j'appellerai mes autres enfants, "les survivants".
Mon fils m'a dit il y a quelques jours, qu'il fallait penser aux vivants...
C'est vrai, et c'est vrai aussi qu'ils nous obligent à survivre, on ne peut pas rajouter du malheur à leur malheur.
Et leur amour réconforte.
Ma fille s'est suicidée à 27 ans, dépression sévère, il y a bientôt 4 mois.
Elle a lutté avec courage pendant des années, elle ne souffre plus...
Elle nous laisse l'image d'une personne délicate, hyper douée, attentive aux autres, sensible, trop sensible pour ce monde violent et égoïste. Et elle nous laisse aussi dans le plus grand désarroi et le chagrin, après la période du choc.
Vous avez raison aussi en disant qu'il faut garder le positif et leur rester fidèle, accepter de souffrir à la mesure de l'amour qu'on leur portait. Mais dans le cas du suicide, souffrir aussi de la culpabilité, de leur mal-être en plus du manque...
Le chemin sera long, mais il faut l'accepter. Il faut vivre pour ces "survivants".
Merci Florine pour votre témoignage, et bon courage, bonne "chance" pour le futur, je vous souhaite d'être heureuse avec cet enfant qui arrive.
Magali
J'ai perdu mon fils de 14 ans voici cinq ans maintenant. Mon couple n'a pas résisté.
C'était un gai luron très apprécié d'une multitude de camarades : foot, scout, associations.
L'église était pleine, son parvis rempli. Des passants venaient demander quelle "vedette" était décédée en voyant tout ce monde. C'était mon fils. L'école avait affrété cinq autocars pour la cérémonie et décrété un jour de congé. Hallucinant, dantesque..
Personne n'avait rien vu venir.
Pas un mot, pas une explication sur son départ. Portable, ordinateur emporté par la police et analysé: rien, pas harcèlement, pas de messages suspects, juste la vie d'un adolescent ordinaire et sans histoire.
Mon ex-époux et moi survivons pour notre fille qui était fusionnelle avec son frère. Mais chaque jour que Dieu fait, ce sentiment de culpabilité indéfinissable. Où avons-nous fauté ? Comment avons-nous créé ce mal être ? De quels signes avons-nous été aveugles ?
Ses nombreux amis et leurs parents sont restés très proches de nous. Eux aussi se sentent coupable. Coupables, mais de quoi ? Cette réponse, on ne l'aura jamais et je pense qu'elle ne me permet pas de faire mon deuil.
J'ai perdu mon fils Jean-Baptiste le 29 mai 2016. Il s'est suicidé.
Je pense parfois à mourir, la souffrance est immense, l'absence me tord le ventre. Je vivais seule avec lui.
J'ai un fils aîné, en études, au loin.
On me dit de vivre pour ne pas le laisser seul.
Je ne veux pas le laisser seul sur terre, comme il me l'a dit : "Maman, j'ai peur, ne me laisse pas seul sur la terre"; le jour même où moi j'ai vu le corps de mon fils à la morgue, et j'ai appelé mon autre fils pour lui annoncer que son frère était mort.
Le combat au quotidien est permanent, oui. L'entourage passe à autre chose, oui. Certains restent, nous accordent un temps, par affection.
Choisir la vie oui, mais c'est très dur.
Je vous souhaite le bonheur. Avec sincérité. Je n'oublierai pas votre histoire.
je viens de lire votre message du mois d'août. Mon fils Alexis s'est suicidé au mois de décembre 2015. J'ai voulu reprendre mon travail à temps partiel mais je suis à nouveau arrêtée. De plus je suis dans ce commerce depuis longtemps et tous mes clients ne me parlent que de lui. Plus la force de vivre plus de goût à rien, le manque est insupportable.
Nous avons un second fils de 20 ans qui vit encore avec nous mais même si je sais qu'il souffre aussi, je n'arrive pas à avancer, à sortir. Que faites-vous, avez-vous trouvé un moyen de vous évader ? Mon mari ne veut rien toucher à ses affaires, sa chambre est intacte. Si vous pouvez m'aider, je vous en prie, écrivez-moi pour me donner un peu de force.
A très vite,
Florence
Il n'y a malheureusement pas de recette miracle, nous réagissons tous différemment face à un tel chagrin.
En ce qui me concerne j'ai repris mon travail à temps plein, je suis secrétaire, les premières semaines ont été très difficiles; mais je mes suis accrochée car je sentais que c'était important pour ne pas sombrer.
Ensuite avec mon mari nous avons décidé de nous occuper le plus possible les weekend de façon à être dans le monde des vivants et d'éviter de trop cogiter. En fait nous essayons de continuer à vivre malgré tout, même si plus rien n'est comme avant, même si nous traînons une tristesse immense au fond de nous.
Je pense aussi beaucoup à mon autre fils qui lui est encore en vie, et qui souffre déjà énormément de la mort de son frère, nous devons être fort pour lui. Je fredonne souvent la chanson de France Galle "si maman si, si maman si, si tu voyais ma vie, je pleure comme je ris,... mon avenir reste gris et mon cœur aussi."
La chambre de mon fils est restée aussi telle que le jour où il est parti, je n'ai pas la force d'y toucher. Je vois également un psy, qui m'aide à mettre des mots sur mes émotions. De toute façon, quel autre choix avons-nous que de continuer à vivre, même si notre vie n'a plus aucun sens.
J'ai écrit pèle-mêle tout ce que j'essaye de faire pour ne pas sombrer mais ça n'empêche pas la douleur immense qui me broie le cœur, il faut essayer de vivre avec et c'est très dur.
A bientôt,
Corinne.
Merci de ton témoignage, même s'il date d'il y a quatre ans. Je suis maman de deux enfants dont l'un qui est parti brutalement: ma fille qui aurait 23 ans le 1er juillet.
Tous les jours, je lutte contre le fait de partir aussi, mais son frère est là et il me fait sentir qu'il a besoin de moi. J'ai peur, dans un moment de très grande douleur de la rejoindre car elle me manque terriblement.
Tes parents n'ont pas pu porter le fardeau de la culpabilité, il faut leur pardonner. La douleur et la souffrance nous font faire des actes irréfléchis.
Je te souhaite beaucoup de petits bonheurs au quotidien, tu es une personne très courageuse.
Malia
J ai perdu mon petit Théo il y a 7 mois, la maladie me l'a enlevé après des années de combat. Je sais exactement ce que tu traverses. Comme toi, je survis pour mes deux autres enfants.
C'est, je le sais, mon petit homme qui me permet de continuer, sa force et sa joie de vivre ne me quitte pas.
Je suis comme vous. Je ne comprends pas. Je suis à 500 km. J'ai eu ma Céline au téléphone avant sa disparition et je n'ai rien vu, ni compris. Elle m'a envoyé des photos de ses deux enfants, par e.mail. Elle avait une drôle de voix, elle m'a dit qu'elle était enrhumée et que les deux petits étaient pris aussi. Elle avait des problèmes avec son père et la famille de son père. Elle m'a dit que son père n'arrêterait pas de me harceler, car celui-ci malgré notre séparation et mon remariage se permettait de m'appeler pour se plaindre de ma fille. J' ai dit à ma fille que j'avais fait comprendre à son père qu'il ne devait plus m'appeler et c'est là qu'elle m'a dit que je n'en avais pas fini avec son père. Et moi je n'ai rien compris et son père m'a appelé pour me dire que Céline s'était suicidée. Je me déteste de n'avoir pas compris son message. Depuis je me questionne et je ne vis plus. Combien je vous comprends et chaque jour je pleure pour n'avoir pas su comprendre cet appel au secours. Mais je me dis que ceux qui étaient près d'elle auraient pu aussi s'alarmer et je les haïs de n'avoir rien fait pour l'aider. Je vous souhaite d'arriver à surmonter cette perte tragique. Mais je sais le vivant que cela ne sont que de vains mots.
J'ai l'impression que nous sommes seuls et que notre entourage ne nous comprend pas. Nous aimerions beaucoup rencontrer des parents comme nous.