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Antoine

Le 12 juillet 2006, tu quittais ce monde après t’être battu avec beaucoup de courage pendant six mois contre un cancer. Dix ans après la vie continue malgré tout… Même si tu nous as quittés beaucoup trop tôt, ta présence est toujours dans la maison.
Sur le balcon de ta chambre, il y a toujours ton sac de ton premier job d’été dans le bâtiment! Je n’ai jamais osé le jeter car tu avais travaillé si dur pour te payer ta première moto cross. Dans le garage, ton autre petite moto est toujours là à attendre que quelqu’un la mette en route mais je sais qu’elle ne redémarrera plus jamais!
Dans ta chambre, au pied de ton lit, ton ballon de foot toujours bien gonflé est encore là car tu avais promis à Angèle, ta petite sœur, de lui apprendre à taper dedans mais aucune autre occasion ne s’est présentée pour enseigner l’art de taper dans un ballon à ta sœur!
Le drapeau breton est toujours accroché au plafond de ta chambre. Il me rappelle les bons moments que nous passions en famille quand nous allions en vacances à Paimpol dans le gîte d’Anne-Claire et que tu aimais couper les choux, monter sur le tracteur et aller à la coopérative pendant que nous, on attendait…
Le 9 juillet 2006,tu as regardé ton dernier match de foot à la télé. La France avait perdu en finale de la coupe du monde contre l’Italie. A la fin du match tu avais dit : “On n’a plus qu’à aller se coucher!”. Le même scénario s’est reproduit le 10 juillet 2016 puisque la France a perdu contre le Portugal en finale de la coupe de l’Euro. Une petite voix intérieure (qui n’était entre autre que la tienne) m’a dit d’aller me coucher !
Depuis que tu m’as laissée, je me raccroche à des souvenirs qui souvent m’amusent beaucoup ainsi que ton père et tes deux sœurs, Leslie et Angèle.Tu étais un sacré numéro! Quelle énergie!
Même si tu n’es plus avec nous quand nous avons une décision à prendre ou que l’on parle de sujets politiques ou sociétales, je me pose toujours cette question : “Si Antoine était encore là aurait-il apprécié ou se serait-il emporté ?”
Ton absence m’a amenée au fil de ces dix années à avoir un autre regard sur ce qui m’entoure.
C’est la première fois depuis dix ans que je mets sur papier ces quelques souvenirs. J’en éprouve un réel besoin pour passer cette étape de dix ans de manque.
Ce message, je le ferai partager à ton père, tes sœurs, à tous ceux qui t’ont aimé et qui ne t’ont pas oublié.

Francine,ta maman

5 commentaires

  1. Madame,

    Je compatis à votre douleur, je ressens la même. J'ai aussi perdu mon enfant, il y a déjà quinze ans. Pourquoi dit-on : "il nous a laissés" même s'il s'est suicidé, c'est le cas de mon fils, il souffrait tellememt de sa dépression qu'il ne pouvait plus raisonner comme quelqu'un sain d'esprit.

    Pour moi dire "laisser", c'est une sorte de volonté, acte lucide. Or votre enfant, autant que le mien, n'a pas eu le choix. C'est dur, je pleure toujours. "Laisser" veut dire abandonner! Dire plutôt emporter par la maladie, vaincu par la douleur. Il ne nous reste qu'à faire face à ce vide et à ces situations de notre détresse.

    Moi, je suis confrontée à mes deux petits fils : l'ainé autiste, l'autre surdoué. Nous les avions accueillis pendant toutes les vacances scolaires, parfois pendant les week-end. Le temps que ma belle-fille finisse ses études et se trouve une situation personnellement stable. Elle habite à 250 km de chez nous. Les enfants plus grands, le cadet a cessé de venir chez nous. L'enfant handicapé est toujours récupéré pour les vacances.

    Nous sommes contents, même de si peu, car de cette manière, peut-être, nous aurions perdu le contact avec l'autre. Nous pouvons observer leur développement, leurs soucis ou leur joie. L'enfant autiste avait des graves crises, il nous mordait, ił s'arrachait la chair de son avant-bras. A la puberté, il le fallait soulager : depuis un an et demi, il est sous psychotropes.

    Diriez-vous que nous avons de la chance de voir notre fils à travers leurs visages ? Si on veut, parfois c'est une supplice. Moi, comme vous, je garde certaines affaires de notre fils, je les depoussière, je les câline rarement. Je sais que c'est fini mais l'autre conscience en moi garde cet espoir : "s'il revient ?" Et je sais que je triche avec moi.

    C'est pour me rappeler qu'il était parmi nous, pour embrasser le brin de son existence. Entre temps je travaillais avec les jeunes et je devais faire bonne mine. Combien des fois je me demandais lequel aurait besoin de mes paroles et d'encouragement! A présent, je suis à la retraite, le cadet fait les choix pour ses études, l'ainé attend une place dans une institution à vie.

    Est-ce que nous les verrons après ? La question existentielle se pose: sont-ils les seuls orphelins dans ce monde? Nous vieillissons, la vie continue son chemin. Autant que nous pouvons, nous faisons un effort.

    La phrase entendue il y a peine quelques semaines de la bouche du cadet me ronge sans cesse : "C'est injuste que mon petit frère (demi-frere) aille au ski avec ses grands-parents et moi à l'âge de 17 ans j'apprendrai apres lui!" Oui, mon cher, nous sommes modestes, nous n'avons pas les moyens (cela, je n'ai pas pu lui dire). Il a réfléchi et répondu, seul à sa question : "quand je serai plus grand j'irai tout seul." Oui chéri, entretemps j'irai travailler quelque part afin de récolter des sous pour toi - cétait ma consolation.

    Demain nous irons chercher notre petit fils autiste. Ił va avoir 19 ans. Quand il avait 4 ans, je lui apprenais à faire des rolleurs, son frère avait peur. Après je courais à ses côtés afin qu'il apprenne à faire du vélo. Je le filmais quand il piaillait de joie en se lançant tout seul en vélo autour du square. J'en étais émue et j'en pleurais de joie.

    Je vous implore, Madame, excusez-moi pour cette récit trop Long. Je vous souhaite beaucoup de courage. La vie apporte de l'apaisememt au moment inattendu.
    GRAŻYNA
  2. Le 8 octobre 2017, tu m’as implorée de te laisser partir tant tu souffrais. J’ai posé ma main sur ton joli front et je t’ai dit : "Endors-toi ma fille adorée". Le lendemain, tu sombrais dans le coma, déposant les armes après quinze mois de combat contre un cancer.

    Le vide que tu laisses est immense pour tes filles, tes sœurs et pour moi. Tu m’as laissée au bord d’un gouffre immense et je m’accroche chaque jour pour ne pas y sombrer et vivre pour tes sœurs qui souffrent aussi de cette cruelle absence. Tu as emporté avec toi les couleurs que tu mettais dans nos vies. Ton rire lézardait les murs, aujourd’hui il résonne parfois les jours où je te sens en moi.

    Le temps apaise la douleur, paraît-il. Il me permet parfois d’oublier quand la vie reprend le dessus, mais n’adoucit pas ce chagrin que je tente de garder pour moi. Quand il s’exprime, c’est comme un barrage qui se rompt. Je ne suis plus la même, déboussolée, à bout de souffle, à bout de larmes et pourtant je continue de vivre comme tu me l’as demandé.

    Quand je suis à bout de forces, je pense à ta joie de vivre, à la détermination dont tu as fait preuve pendant ta maladie, à cette magnifique leçon de courage que tu nous as donnée. Je te vois parmi les étoiles lorsque les nuits sont claires, j’entends ta voix parmi les chants d’oiseaux, je te sens quand la pluie ruisselle sur mon visage. Tu vis en moi ma fille adorée, tu me manques tant...
  3. Aujourd'hui, 25 septembre 2018, cela ferait 31 ans qu'Antoine est né. Une journée bien particulière où j'aime chaque année me retrouver seule pour partager la vie d'Antoine décédé il y a 11 ans.
    Chaque année, je me projette toujours dans l'avenir avec lui en me disant qu'il serait peut-être père et qu'on fêterait son anniversaire avec ses soeurs et son père. La seule marque d'amour qu'il me reste est d'aller porter un bouquet de roses sur sa tombe et de mettre le même à la maison pour partager ce moment en famille.
    Aussi, j'ai bien réfléchi aujourd'hui et j'ai envisagé désormais qu'à la date de sa naissance je ne me projetterai plus dans un avenir de vie partagé avec lui comme un homme adulte avec une famille car cela me fait trop mal. Je penserai plutôt aux 18 ans de vie que l'on a partagés ensemble quand il était bébé, enfant, ado et jeune adulte.
    Pour moi en tant que maman la date de sa naissance est très douloureuse puisque ce n'est pas normal de mettre un enfant au monde et qu il parte avant moi. D'ailleurs pour son père la date de son décès est beaucoup plus douloureuse que le jour de sa naissance.
    Je voulais faire partager ce texte pour connaitre le ressenti de mamans et de papa qui ont perdu leur enfant.
    Francine, la maman d'Antoine
    • Bonjour Francine,
      Notre fils Benjamin nous a quittés le 14 juillet 2014 dans un accident de voiture; il me manque; j'ai mal si mal; en ce moment, je suis dans le creux de la vague.
      Le 22 octobre jour de sa naissance, il aurait eu 31 ans et depuis comme tous les ans je dégringole; je lutte chaque jour pour ne pas sombrer; je me sens si seule; je n'ai plus envie d'en parler à mes amies, je ne veux plus aller voir mon psy.
      C'est dur si dur d'avancer sue ce chemin de la vie; il y a des jours où j'aimerais m'endormir pour toujours.
      Françoise
  4. Bonsoir Francine,

    Je trouve ce soir votre message et combien il me parle... Mon fils nous a quittés le 5 août 2006 mais le temps a beau filer, il ne se passe pas un jour sans que je pense à lui... A la maison aussi trône un ballon de foot et Vincent n'apprendra jamais à son petit frère à jouer...

    Le souvenir des jours heureux est si bon mais fait également si mal parfois. Qui mieux qu'une autre maman qui a vécu cela peut comprendre ce que j'entends par là ?

    J'espère que vous avez pu trouver la paix. Je vous embrasse, Francine

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