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L’anesthésie

” Après cette période d’intense douleur, je n’ai pu que me résigner. Mais, moralement, je n’allais pas mieux. Je restais de longs moments sur mon fauteuil, à ne rien faire, à n’avoir envie de rien. Je ne parlais pas, ou du moins presque pas. Je n’avais pas envie de communiquer avec qui que ce soit, même avec mon mari. De toute façon, qui pouvait comprendre ce que je ressentais ? Je n’avais envie de rien. Je vivais parce qu’il fallait vivre, un peu comme un automate. ” Dominique M

6 commentaires

  1. Comment exprimer... Des mots, juste quelques mots sur un cahier... Choc, déni, réalité, douleur, souffrance...
    Ecrire, oui écrire sa souffrance pour laisser parler ses émotions. Accueillir ses pensées, les écouter, être dans la pleine conscience de l'absence, du manque... et continuer...
    Parfois à terre, parfois encore debout. Regarder ce monde qui vous offense, dont vous ne voulez plus. Et continuer, continuer à être debout. Laissez ses larmes couler. Se consoler...
    Je suis une Maman. Mon fils est parti, il avait 20 ans. Cela restera un dialogue inachevé. Je n'ai pas pu lui dire "au revoir", je ne pouvais pas être là... Je l'aime, je l'aime si fort. Il me tient la main. Il comprend ma tristesse, mes larmes, mes cris...
    "Prend le temps Maman, je suis là, tout près de toi". JE T'AIME MAMAN... Je sais mon fils... Le chemin d'un deuil est intime...
    • Bonjour, je comprends votre douleur car j'ai perdu mon fils de 21 ans il y a 8 mois de maladie et son absence est un combat que je livre chaque jour... Si vous voulez échanger avec moi, n'hésitez surtout pas.
  2. Bonjour, cela fera 17 mois que ma fille de 23 ans a décidé de partir. Comme vous Jacqueline, je me retrouve seule avec ma douleur et comme vous, je trouve refuge dans un peu d'alcool et les médicaments. Médicaments à base de plantes pour m'aider à m'endormir, et cela me permet de dormir au moins 2 heures, après c'est la nuit blanche. L'alcool pour oublier ma douleur, ne serait-ce que quelques heures, les jours où cette absence me devient encore plus insupportable que les autres jours.
    Mon mari (beau-père de mon enfant) ne comprend pas mon comportement, ma douleur le dérange dans sa vie qu'il veut tranquille. Il y a deux jours il m'a dit qu'il n'avait ni les capacités, ni la force morale et psychologique pour m'aider et me soutenir. Cela m'a fait mal, très mal, mais en vérité je n'ai pas été surprise, son comportement parlant déjà pour lui. Il n'a fait que confirmer que malgré le fait d'être mariée (ne dit-on pas pour le meilleur et pour le pire), je suis seule devant l'inacceptable, et que je dois compter que sur moi pour affronter la perte de ma fille aimée.
    J'ai pris la décision de consulter un psychologue, je ne sais pas si cela va m'aider, mais au moins je pourrai parler de mon enfant, laisser couler mes larmes et dire ma douleur, faire part de mes questionnements. Toute chose que je ne peux pas faire au quotidien puisque cela dérange.
    Je vous souhaite, je nous souhaite, d'arriver à trouver le chemin. Amicalement
    • Comme dit sur mon dernier message, j'ai entrepris une thérapie. Et de pouvoir parler de ma fille sans interdit m'a fait le plus grand bien. Je raconte ma vie avec elle, sa vie d'adulte, et je pleure. Mais mes pleurs sont libérateurs, car après 18 mois de non-dits et de repli sur moi, puisque dans mon entourage proche je n'ai aucun secours, bien au contraire, ce que je vis les dérange ou plutôt dérange leur petite vie tranquille, je peux parler enfin de ma vie, de son absence, de mon manque et de ma douleur, sans être jugée et sans être prise pour une malade. Car c'est ainsi que mon mari me voit.
      Pour sortir de la maison, je me suis inscrite à deux activités, scrabble et gym-tonic afin de côtoyer d'autres personnes. Il est trop tôt pour moi de dire si cela m'est bénéfique. Mais une chose est sûre, je me sens libérée d'échapper à l'ambiance de la maison et au fait que mon mari absolument pas solidaire du drame que je vis n'a de cesse de me faire sentir que je ne suis pas normale d'être comme je suis après la perte de mon enfant.
      Voilà ce que je voulais dire et si mon vécu peut aider d'autres que moi, j'en serais contente. Cordialement
  3. Comme je vous comprends. J'ai perdu mon mari le 14 avril 2014, et mon fils Christophe le 21 avril 2015. Je suis anéantie, je ne suis même pas encore sûre d'avoir perdu en un an ces deux trésors. Personne pour m'aider sauf que je me suis décidée à consulter. Je mets beaucoup d'espoir dans cette démarche mais je dois avouer que le chagrin me ronge et que quelques médicaments et un peu d'alcool sont dorénavant mes seuls amis. Je pense souvent les rejoindre mais il faut savoir que le courage ne fait pas partie de cette démarche. Pourquoi est-on abandonné quand de telles épreuves vous foudroient, sommes-nous devenus des robots avec un égocentrisme démesuré ? Je vous souhaite beaucoup de courage et que peut-être une main vous soit tendue. Moi je n'attends plus rien. Je continue à me réfugier dans ma douleur.
    • Madame. J'ai perdu une fille il y a 15 ans. Elle avait 17 ans... Vous avez perdu deux êtres chers en si peu de temps. Mon chemin était long, long... Les mains tendues étaient là, mains tendres et mains maladroites... Elles ne m'atteignaient pas vraiment. Les paroles aussi étaient là mais elles n'étaient pas les miennes. Ce qui m'a permis de me redresser c'est un travail sur mon corps, mon souffle . "Corporaliser" ma douleur - j'ai eu la chance de pouvoir le retrouver ce corps meurtri, en partie enterré le jour de l'enterrement de ma fille. Pour moi cela a passé par la poterie, le yoga et la sophrologie. Je dirais aujourd'hui que seules mes propres "mains" ont pu m'aider même si je sais que l'entourage était là avec les meilleurs intentions... C'est mon cheminement et j'espère que vous trouverez le vôtre. Un cheminement unique et je suis sûre désiré par ceux qui ne sont plus et sont toujours là. Je vous embrasse M.

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