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J’ai une soeur !

J’avais… Non ! J’AI une sœur !
Ma sœur.
Elle est décédée il y a 3 ans…
Elle me manque, elle me manque tant…
Ma petite sœur,
Mon âme-sœur,
Avec qui j’ai tellement partagé
De moments privilégiés.

Nos joies, nos soucis,
Nos passions, nos envies,
Nos aventures, nos folies,
Nos doutes, nos peines aussi…
Une grande complicité,
Une forte réciprocité
Nous liaient depuis nos tendres années.

Ma sœur me soutenait, me comprenait,
Me charriait, m’énervait,
Me recadrait, m’apaisait…
Ma sœur que j’admirais
Et que parfois je détestais.
Un pilier, une alliée
Qui m’a quittée.

Qu’il était intense son amour
Jusqu’au dernier jour…
Depuis je me sens seule,
Si seule… terriblement seule.
Seule à pouvoir me consoler,
Seule pour mes parents dévastés,
Seule contre vents et marées,
Parce que tout s’est écroulé.
Difficile de reprendre pied, larguée.

Ma sœur, personne ne peut la remplacer.
Le vide laissé est si dur à apprivoiser.
Les conséquences de son décès
Si difficiles à gérer.
Les cicatrices mettent du temps à se refermer…
Quelle douleur de l’avoir vu souffrir,
De se sentir si impuissante à la secourir !
Moi qui voulais malgré tout la retenir
Et lui en voulais de mourir…

J’aurais préféré partir à sa place,
Changer le cours du temps qui passe…
Pour que son fils puisse ressentir sa tendresse,
Bien au-delà de ses premières caresses…
Pour ne pas supporter le trauma,
La détresse au fond et autour de moi.
Des envies de fuir, m’abrutir,
Me perdre dans la vie,
Multiplier les anesthésies,
Plutôt que de laisser les souvenirs
Ressurgir et m’envahir.

Parfois la colère m’emporte.
Mais pourquoi est-elle morte ?
Pourquoi est-elle partie ?
Nous laissant souffrir ainsi.
Pourquoi faut-il que les vivants se déchirent
Au lieu de s’unir pour préserver son souvenir ?
La vie ne vaut rien… oui !
Ce n’est pas humain ce qu’elle a subi,
Et dire que je me plains aujourd’hui
Des conséquences pour moi ici !

Mais pourtant, pourtant, rien ne vaut la vie !
La souffrance et la mort en font partie,
Mais l’amour et la joie aussi.
Alors essayer de ne pas me juger,
D’extérioriser ce qui vient me ronger.
Pas facile de prendre soin de moi
Et d’accepter que j’en sois là…

Réapprendre à savourer, s’émerveiller,
S’emplir des petits bonheurs partagés.
Comme une urgence à se sentir vivant,
Eprouver des sentiments…
Sa mort au service de la vie, de ma vie ?
Comment puis-je écrire une telle infamie ?
Et pourtant si…
Et pourtant je suis bien obligée
De donner du sens à ce qui s’est passé,
De donner à ma vie plus d’intensité,
De légèreté, de profondeur.
Remettre mes pendules à l’heure,
Quitte à complètement en changer,
Me transfigurer.
Je suis bien obligée
De me raccrocher à cette idée
Pour pouvoir avancer,
Dépasser la vacuité,
Espérer la sérénité.

Et puis, à défaut d’incarner,
Au moins célébrer
Tout ce qu’elle était,
Ce qu’elle m’a apporté.
Non, tout n’est pas perdu…
Le goût de vivre a survécu.
Son absence n’a pas disparu,
Mais en moi sa présence
Vibre, plus intense !
J’ai une sœur.
Elle est dans mon cœur.

Marion Haupais
Pour Sophie, à jamais…

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