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M. le Président, saisissez-vous du sujet du deuil

Je suis sidérée, profondément choquée et attristée par cette polémique qui n’aurait jamais du exister. Jamais je n’aurais pensé que le décès de mon enfant me fasse prendre la plume un jour pour vous écrire mais ce qu’il s’est passé à l’Assemblée jeudi dernier concernant le rejet de la loi sur l’allongement du congé après le décès d’un enfant m’a tant indignée que je n’ai pu réfréner l’élan de vous adresser ces quelques mots.

En avril 2015, mon premier enfant, Gaspar, décède d’une maladie inconnue, la veille de son premier anniversaire. L’enterrement passé, les émotions qui me traversaient étaient si douloureuses et si intenses que l’idée de mettre fin à mes jours m’est passée par la tête. J’ai pensé à ce moment-là que nous avions énormément de chance d’être aussi bien entourés de nos familles et de nos amis. Je n’étais pas en mesure d’aller voir un thérapeute, de lire des livres sur le sujet et encore moins d’aller travailler, cela me demandait trop d’efforts.

Je me sentais comme une naufragée qui aurait besoin d’une bouée pour reprendre son souffle. J’ai souhaité faire un film documentaire pour rencontrer des personnes qui avait traversé cette épreuve et qui en était ressorties grandies. J’avais besoin de croire que la douleur allait s’estomper, que la vie retrouverait sa saveur.

Le film a suscité un engouement inespéré que nous avons pu mesurer grâce au succès du financement participatif ainsi que le soutien de France 5, PFG, la CNAF, la CAF de la Drôme et les différentes retombées presse telles que Télérama, le Magazine de la santé, M6, France 2, RCF, France Bleu, etc.

Nous avons rencontré des milliers de personnes lors de ciné-échanges partout en France, qui nous ont confirmé le besoin de libérer la parole et de faire du deuil un véritable sujet sociétal. Lors de la sortie du film en juin 2019 nous avons également lancé la plateforme nationale Mieux traverser le deuil afin d’accompagner les endeuillés. Aujourd’hui cette plateforme ne peut malheureusement plus évoluer, faute de financements, alors même qu’elle comptabilise plus de 100 000 visiteurs uniques en 8 mois.

Le deuil est affaire de patience. Il faut faire confiance au temps, laisser les jours défiler, et prendre soin de cette douleur. Alors oui, même 12 jours ne suffiront pas à un parent pour reprendre le travail en étant pleinement présent mais ils permettront, a minima, quelques jours de répit après les obsèques.

Le désert politique sur ce sujet depuis de longues années n’empêche pas les associations d’accompagnement au deuil de se mobiliser et d’agir au plus proches des endeuillés mais les moyens sont insuffisants. Nous avons l’ambition que « Mieux traverser le deuil » devienne une Fédération nationale permettant de mutualiser les initiatives et les structures existantes et devienne le porte-parole privilégié avec les autorités publiques et les politiques. Nous avons déjà eu un rendez-vous très favorable avec le Ministère des Solidarités et de la Santé à ce sujet et nous souhaiterions que notre démarche ne s’arrête pas là. Nous sommes disponibles pour venir vous présenter notre plan d’actions et imaginer ensemble la suite à donner pour améliorer le quotidien des endeuillés, des aidants et des professionnels.

M. le Président, je vous invite vous, ainsi que votre gouvernement, à voir le film documentaire “Et je choisis de vivre” qui traite le sujet du deuil avec humanité (ce film a par ailleurs été diffusé au sein même de l’Assemblée mais n’a malheureusement suscité la curiosité que d’une petite poignée de députés).

A en croire le succès du film (élu meilleur film documentaire sur Allociné par les spectateurs), il serait tout à votre honneur de vous saisir du sujet et de le mettre en lumière.

Sincères salutations,
Amande
Maman de Gaspar

4 commentaires

  1. Bonjour,

    J'aimerais aussi voir ce documentaire, ayant vécu le même drame que vous, j'ai perdu ma fille de vingt ans il y a quelques années déjà dans un accident de la route très grave où il y a eu blessés graves et deux décès dont ma fille.

    Dans la même voiture, ils voyageaient à quatre amis en route vers leur établissement d'études et à cause d'un camion qui n'a pas respecté le code de la route et provoqué... l'accident mortel des jeunes gens âgés de vingt ans.

    Je sais bien de quoi vous parlez tous et toutes et à quel point notre vie bascule... définitivement.

    Carmen
  2. Bonsoir,

    J'ai moi aussi perdu une enfant, ma fille ainée le 17 juin 2019.

    J'aimerais voir ce documentaire car oui, seuls ceux qui vivent cette souffrance dans leur chair peuvent comprendre!

    Où le trouver ?
  3. Il faut le vivre pour pouvoir comprendre... et même en "vivant la mort" de notre chair, de l'être qui nous est le plus cher, on n'arrive pas à comprendre.
    Alors, qui pourrait le comprendre !
  4. Bonjour Amande,

    J'ai vu votre film en avant première à Aubenas, je venais de perdre mon fils et je dois reconnaitre que ce documentaire m'a fait du bien, on se croit si seul dans notre malheur!

    Ce débat est pitoyable au sein du gouvernement, je pense qu'aucun d'entre eux n'ont connu ce drame car ce débat n'aurait certainement pas eu lieu.

    Merci pour votre magnifique documentaire, il m'a beaucoup appris.

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