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Espoir

Déjà sept ans que tout a basculé, tout a chaviré, sept ans que tu es avec les anges.
Puisque tu n’étais plus là, ma vie deviendrait-elle un enfer ? Un sanctuaire pour nos souvenirs avec ma solitude pour seul point de repère ?

Je l’ai cru, je l’ai vécu de nombreuses semaines, de nombreux mois, la vie et le bonheur poursuivaient leurs chemins partout, pour les autres, mais plus pour moi. J’étais resté sur le quai de mon existence, à regarder défiler le monde, qu’on me foute la paix, avec ma peine, personne ne peut comprendre, personne ne m’aidera. Je me suis battu contre un ennemi invisible, redoutable, il n’a pas de visage, il est insaisissable et pourtant il assène ses coups sans prévenir jour après jour : nos jours passés

Je n’avais pas la force, plus l’envie, allait-il finir par m’anéantir cet ennemi ? Le temps, mon seul allié, a fini par me faire voir une toute petite lueur, faible, vacillante, mais elle était là au loin.

S’interdire le bonheur, ce chemin sans issue à part nous faire glisser sur la pente d’un isolement encore plus destructeur. Réapprendre à sourire, à rire, à profiter de la vie, sans trahir ce souvenir qui nous habite… La solution était en moi, enfouie, il me fallait la découvrir et la faire vivre.

J’ai à nouveau trouvé la vie belle, peu à peu, ton souvenir ne me hante plus, je pense à toi, je t’emmène avec moi… Et nos souvenirs, ils sont inscrits à tout jamais, j’y pense avec douceur maintenant, même si de temps en temps une larme coule et d’autres couleront.

Tu aurais trente ans aujourd’hui…

Pascal Bergeot

11 commentaires

  1. Je vous écris comme je pourrais lui écrire, comme je voudrais lui écrire. Quatre ans après, il n'y a toujours pourtant pas de mots pour dire l'effraction, le traumatisme, la douleur et la solitude.
    Il aurait eu 18 ans, mon si beau fils, dans deux jours, et chaque année je revis ces quelques heures qui me séparent de sa naissance. Chaque année, deux mois environ avant, je suis encore plus mal que le reste du temps.
    Enfin, le reste du temps sauf Noël, la fête des mères, les vacances où je croise avec son frère bien trop de familles à mon goût... Et bien sûr la date de son décès, non mais franchement, qui a pu inventer dans la réalité le fait qu'un parent survive à son enfant ?
    Le reste du temps, c'est le peu de répit que le manque me laisse. Ou plutôt, je m'aperçois que le reste du temps, c'est surtout autant de subterfuges que je mets entre la réalité et moi. Quand elle se découvre juste un peu, c'est la déflagration.
    Le temps est mon ennemi et mon allié, il est ce qui me sépare du jour où je pourrai enfin baisser les armes et prendre la clef des champs. Il est ce qui m'aide à tenir, puisqu'il passe, indubitablement.
    Quatre ans et me voilà face encore à ce que je ne vivrai pas avec lui : ses 18 ans, et moi face à toutes les questions qui vont avec.
    J'ai beau survivre, rien ne s'apaise vraiment, non, pas la mort d'un enfant. Qui n'en serait plus un. La vie m'a volé quatre ans avec lui, et je sais bien, la vie n'est pas une personne, et je veux bien travailler toutes mes pensées irrationnelles, mais ça, non, je ne peux pas vivre avec ça. D'ailleurs je ne vis plus vraiment.
    Une autre partie de moi continue pour mon autre fils, parce qu'il le faut et parce que je le veux, je veux cette fois voir grandir mon enfant, le voir évoluer jusqu'à ce qu'il ait lui ses 18 ans.
    Quatre ans, c'est l'âge des premiers souvenirs peut-être, ce temps qui passe entre son décès et maitenant me fait penser que sa vie a été un rêve, et qu'à présent je vis le cauchemars, ces rêves où l'on débat contre la réalité.
    Des pertes, j'en ai eues, je sais tout cela, cette perte-là, je ne peux pas la vivre, alors tout mon corps et tout mon être s'y refuse.
    Le pire c'est son anniversaire, revivre sa naissance.
    Pas de mots, juste la souffrance.
  2. Bonsoir,
    Moi, c'est ce foutu cancer qui est venu nous pourrir la vie et qui a emporté ma fille en dix mois à 33 ans.
    On lui avait rien demandé pourquoi il envahit la vie de tous les bébés, les enfants, les ados, les jeunes adultes, etc.
    Elle s'est battue comme une lionne, on y croyait.
    Je ne sais comment je vais pouvoir vivre sans elle
    A mon âge, 65 ans, plus fragile, psychologiquement, je demande de l'aide avec vos témoignages.
    Les jeunes Filles, allez chez le médecin, ne vous croyez pas invincibles.
    • Bonsoir,
      Mon fils de 24 ans vient de nous quitter le 15 octobre 22. Il s'est battu courageusement pendant un an contre un cancer.
      Mon épouse, moi-même et nos deux autres enfants de 31 et 40 ans sommes dévastés d'avoir perdu notre petit dernier qui a souffert jusqu'à son dernier souffle.
      Comment vivre maintenant? Nous avons 59 ans et notre avenir va être de continuer à vivre sans notre fils.
      • Le 7 décembre on apprend que mon fils Florian a un cancer... Le 15 février il nous a quittés. Il avait 33 ans. Il aimait la vie. On était fusionnel avec son frère Yannick. Ma belle fille et lui étaient depuis 12 ans inséparables. Ils s'aimaient tellement. Elle est comme ma fille. On passait énormément de temps ensemble : vacances, weekend, fête, tout était bon pour se retrouver.
        Je ne vis que pour mes enfants et là on m'a arraché le coeur. Je survis grâce à mon aîné. Je l'aime tout autant, j'ai pas le droit de l'abandonner.
        J'ai 58 ans et je comprends pas. Je vais devoir continuer avec cette douleur brûlante, lancinante, terrifiante. On souffre tous tellement.
    • Bonsoir
      Je suis Patricia 67 ans, j'ai perdu Sébastien 39 ans. 18 mois de lutte contre une leucémie aigüe.
      Il laisse 2 enfants .
      Au bout de 5 mois de traitement, la rémission est de courte durée, il rechute et partira en réanimation. Après c'est l'enfer.
      Sa souffrance physique et psychologique, même s il ne se plaignait jamais, me terrassent. Et cette saleté de cancer a fini par vaincre.
      Depuis le chagrin est immense et quotidien
      Il faut accepter cette injustice absolue...Comment trouver un sens ?
      Je suis dans le même désarroi que vous, et la seule certitude est que la vie ne sera jamais plus la même sans lui.
      Souhaitons-nous cependant du courage pour continuer.
  3. Mon fils Baptiste s'est pendu le 4 avril. Il y a eu autopsie. Sa cérémonie ne s'est déroulée que le 29 avril. Entre temps, nous avons fait les démarches administratives, préparé la cérémonie. Puis nous sommes partis en Bretagne pour essayer de nous ressourcer. Et depuis quelques jours, la douleur devient de plus en plus intense.
    Baptiste était ingénieur chercheur, 28 ans, une vie très intense, beaucoup d'amis, de nombreuses activités, beaucoup de défis... Il voyageait, aimait Aragon et lisait de la poésie. Il semblait tellement heureux. Il vivait avec sa copine, elle-même ingénieure. Mais tout a basculé quand elle a voulu reprendre des études pour être kiné et partir sur Bordeaux, alors qu'ils habitaient à Paris. Il n'a pas supporté de se dire qu'ils allaient être séparés. Ils ont pris la décision de se quitter. Durant ces trois mois, cela a été la descente aux enfers. Il a préparé son départ avec minutie...
    Je suis de plus en plus anéantie. Nous avons un fils cadet de 25 ans. Il travaille aussi et vit en colocation.
    Il est "instable" psychologiquement. Il nous inquiète aussi car parfois trop "excité".
    Mon mari ne parle pas. Il se replie sur lui-même, boit de l'alcool... Il est bipolaire. Il se peut que Baptiste était aussi bipolaire (maladie héréditaire probablement). Mais il refusait de parler, disait qu'il était capable de gérer, refusait d'aller voir un médecin ou de prendre des médicaments (il ne voulait sans doute pas ressembler à son père...). Je pense qu'il a souffert de voir son père malade psychologiquement depuis des années, avec déjà des périodes d'alcoolisme lorsqu'il était dépressif...
    Bref, je pense que mon mari va sombrer et m'entrainer dans sa chute. Notre famille est brisée à tout jamais. je souffre énormément. Je cherche des psychologues, des aides. J'habite dans l'Essonne.
    Il y a beaucoup de tension, même avec notre cadet.
    Nous sommes très malheureux et je ne sais pas comment cela va finir...
    • Bonjour Claire,
      Votre message résonne beaucoup en moi. Je viens de perdre mon fils, 37 ans, de la même manière. Je ne sais pas si je peux vous aider autrement qu'en vous disant que vous n'êtes pas seule, que votre détresse m'est familière. Mon fils n'a pas pu faire de brillantes études mais il avait réussi à force détermination à avoir un bon emploi puis s'était marié. Diagnostiqué bipolaire à 20 ans, il avait mis 5 ans à accepter et à gérer sa maladie. Malheureusement, les difficultés se sont accumulées dans son entreprise et dans son couple. Blessé de toute part, il n'a pas eu la force ni le soutien nécessaire et il a commencé à ne plus prendre ses médicaments.
      Je le pleure aujourd'hui car il était tout pour moi. Il m'a tellement donné d'amour. Je pensais qu'il allait réussir à surmonter ses difficultés et je ne savais pas qu'il était à ce point malade. Il ne voulait pas m'inquiéter.
      J'espère que son âme maintenant délivrée a trouvé la paix et l'amour dont il avait besoin et qu'il n'a pas réussi à trouver sur terre.
      J'espère que vous allez trouver de l'aide. N'hésitez pas à frapper à toutes les portes : assistantes sociales, médecins, psychiatres, associations, pour vous-même, pour votre mari et votre autre fils. Je vous souhaite beaucoup de force et de courage.
      Edith
  4. Notre fils Jean-Sébastien est mort le 13 février 2022 dans un accident de moto
    Ma douleur est de plus en plus grande
    Le manque est pire de jour en jour
    Il avait 35 ans
    Plein de vie
    Il se pensait invulnérable
    Belle personne
    Belle âme
    Aimant
    Aimé par nous ses parents mais également par tous ses amours, amis...
    Aujourd'hui je ne sais pas comment je vais pouvoir vivre sans lui
    Ma peine est tellement terrible grande
    Je lis vos messages d'espoir
    Moi cet espoir je ne l'ai pas encore trouvé et je n'ai plus envie de vivre
    Tout juste survivre
    Merci pour tous vos messages
    Je continue ma lecture...
    • Bonjour Any,

      Votre témoignage m'a touchée par la ressemblance avec mon vécu.

      Notre fils Sylvain est décédé brutalement d'un arrêt du coeur à 37 ans, et comme Jean-Sébastien il vivait avec enthousiasme sa vie entre travail, loisirs, et voyages. Cela s'est produit fin février 2021. Pendant cette année, je me suis consacrée aux formalités et au suivi des nombreux dossiers (peut-être pour me donner l'impression de faire quelque-chose pour lui, et donc qu'il est toujours là...).

      Je pense qu'il faut trouver un "nouveau" sens à notre vie, accompagnée par notre fils dans nos pensées.
      Pour vous, c'est tout récent, et vous pouvez déjà vous exprimer, c'est une bonne chose, cela va vous aider.

      Je vous souhaite plein de courage.
      • Bonjour Martine,

        Je lis votre témoignage qui ressemble beaucoup à ce que je vis en ce moment : mon fils Pierre est décédé le 17 mai 2023 d'un infarctus, alors qu'il venait juste d'arriver à son travail.

        Il avait 31 ans. Il avait un si beau sourire, il était sportif, ne fumait pas, ne fumait pas, il avait une bonne alimentation, il avait des amis, il était apprécié dans son travail. Il avait plein de projets avec ses amis et nous aussi ; nous aurions dû aller faire de la randonnée ensemble cet été, il avait réservé des places de concert pour aller voir ses groupes préférés à Paris.

        J'ai l'impression que le temps s'est arrêté ce mercredi 17 mai. Nous communiquions beaucoup, sur tous les sujets ; il me manque tant, tous les jours. C'était son anniversaire le 22 novembre, je n'ai pas pu me lever, j'avais mal partout, et maintenant Noël sans pouvoir lui faire de de cadeaux ; heureusement que ma fille est là, nous parlons beaucoup, elle est formidable.

        Pour l'instant, je n'ai pas de courage, je n'imagine pas ma vie sans lui, je fais des rêves, des cauchemars, j'espère qu'il va rentrer un jour et tout me raconter.
  5. Merci pour ces magnifiques paroles partagées qui laissent présager un avenir moins difficile à supporter quand on est encore au stade de penser que la seule délivrance à cette souffrance indescriptible serait notre propre mort.

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