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Depuis le “grand voyage” de Lili…

Il y a certains qui bossent pour l’argent, d’autres pour la gloire et il y a ceux qui comme moi bossent pour leur âme. Si vous croyez que c’est de tout repos et bien détrompez-vous ! C’est un vrai marathon ! Ou plus réellement un parcours du combattant.

Depuis le “grand voyage” de Lili, il a fallu faire face aux jours qui passent, puis aux mois, pour devoir affronter la volcanique première année. Depuis je recommençais à parler en mois. Avec l’espoir de trouver apaisement dans ce long parcours. Puis la deuxième année a pointé son horrible pif ! Foutaise tout ce qu’on a pu me dire. Sûrement des mots pour me donner courage et force. Sûrement compassion et sincérité. Sûrement des paroles de ceux qui ne savent pas ces choses-là. Mais Mon Dieu ! Si vous saviez. Si seulement…

Cet hiver m’a paru si long, si dur, si glacial. Je ne pensais jamais avoir encore plus mal, être plus seule, plus déconnectée, plus décalée. Oh! Personne, extérieure à ma vie la plus intime, extérieure à ma vie tout court, ne pouvait deviner ce qui se tramait au sein de ma chaleureuse maisonnette. Jamais je ne suis sortie ou reçu sans mon joli masque des grandes occasions ! Mais je peux vous le dire, je dois même vous le dire, j’ai dû faire face à la grisaille de mon âme, j’ai dû m’accrocher aux yeux de mon mari pour ne pas me laisser emporter par la tempête “colère”,j’ai dû me nourrir de l’Amour de mes enfants pour que mon coeur gelé ne finisse pas en poussières.

Et j’ai réussi à vaincre cet affreux hiver ! Oh! Cette bataille ne m’a pas laissé sans conséquence. Je suis brisée, définitivement. Pas visible à l’oeil nu. Mais je sais que je ne serai plus jamais la même. Je sais que mon regard sur la vie a changé. Je sais que la vie sur terre n’est qu’une mise à l’épreuve pour un jour trouver une vie meilleure pour mon âme. Je sais ce que c’est l’essentiel sur cette terre : l’Amour à prendre et à donner. L’Amour pour mes enfants.

Avec le printemps venant, je continuerai mon combat, ma route. Mon travail d’acceptation de cette cicatrice béante, de cette amputation, de ce manque, de cette absence qui me bouffe les entrailles, le coeur. Accepter que ma vie avec Alice est devenue particulière, spirituelle. Accepter mon isolement voulu ou non. Accepter cette vie non-desirée tout “simplement”. Enfin façon de parler…

Je dois malgré tout, malgré le poids de ma croix, malgré mon handicap non reconnu, malgré l’impuissance de mes proches, malgré la non-perspective d’un futur meilleur, poursuive ma route.

Je suis la survivante en réparation sur un long terme. Ce n’est pas être défaitiste mais bien réaliste.

Une maman amputée réaliste et souriante,
Pour toi ma Lili et vous mes deux grands Valentin et Noemie


Voir aussi de la même auteure Pour toi ma Lili et Avec Lili, je suis partie

18 commentaires

  1. Bonjour. Vendredi cela fera deux ans. Sophie ma fille de treize ans... Deux ans et cette ? Comment faire pour continuer, pour tenir ? Je me sens seule comme parent et je n'ai plus mes parents non plus.
    Son papa est "aux abonnés absents".
    Certains amis s'éloignent, d'autres heureusement restent. Le corps lâche... et cette ? Comment fait-on ? Merci
  2. J'ai perdu mes deux enfants : mon fils en 2009 à l'âge de 26 ans puis ma fille en 2015 à l'âge de 29 ans. Je ne sais pas comment j'ai survécu. Je prends des médicaments et je refuse de laisser divaguer mon esprit. Et je me réfugie dans mon travail. C'est la fuite pour ne pas me suicider et ne pas devenir folle.
    Trois ans se sont écoulés. Je suis devenue quelqu'un d'autre. Peut-être bientôt je m'autoriserai le luxe de m'arrêter de travailler un mois pour affronter mes larmes et mes pensées.
    J'ai deux enfants adoptés qui m'aident à donner du sens à ma vie et se sentir utile.
    J'ai trouvé un grand réconfort dans la spiritualité et la croyance que tout ne se finit pas avec la mort.
    Je découvre vos messages et enfin je me retrouve avec ce que je vis. Sinon on a l'impression d'être en dehors de la société. Comme si je débarquait d'une autre planète.
    Je comprends viscéralement la douleur de tous vos témoignages.
    Affectueusement,
    Alina
    • Bonjour Alina
      Je viens de perdre ma compagne il y a trois mois, et une de mes trois enfants en 2015, à l'âge de 28 ans. Je viens de lire votre témoignage qui me bouleverse. Je trouve que votre idée d'adopter des orphelins est la bonne (pour continuer à progresser dans le chemin de la vie) Peut-on en parler plus ? Avez vous du soutien ? Merci de votre réponse, Benoit
  3. Bonjour,

    Je viens de lire les témoignages de parents et cela me fait du bien... ou du mal, je ne sais pas.

    J’ai perdu ma fille de 20 ans dans un attentat il y a deux mois et 4 jours. Cela va sans dire que c’est très dur même si je suis très entouré par les associations, ma compagne, mes amis, ma famille et j’ai trois autres filles à chérir.

    Depuis ce jour horrible, j’ai vécu des moments très difficiles mais aussi des moments de joie, de fraternité, de solidarité vraie, d’amour... Je ne ressens plus pleinement les choses et j’ai cette boule au ventre à chaque fois que je parle d’elle... mais j’ai espoir.

    Le sport m’aide à traverser cette épreuve. Grâce aux amis du club de course qui ont su être là sans être "lourds"... Les chansons comme "Evidemment" ou "Si c’était là" m’aident à passer des moments avec ma fille.

    De tout cœur avec les autres parents dont je comprends la douleur.
    Dominique.
  4. Trop dure ma vie après la mort de mon fils le 15 octobre 2015. Il avait 23 ans, il était en 5è année d'études supérieures, il rentrait de son école à pied à 20h et des individus ont voulu dérober son téléphone et l'ont tué avec 16 coups de couteaux. Je l'ai attendu à la maison, j'étais inquiète tout l'après midi en sachant qu'il n'a pas pris la voiture et à 20h15 quelqu'un m'appelle de son téléphone, m'informe qu'il est à l’hôpital, j'ai accouru et il est décédé à 21h.

    Tout ce qui a été dit par toutes les mamans qui ont perdu leur enfant, je l'ai vécu et je le vis encore à chaque seconde de ma vie depuis 2 ans déjà. Et le plus dur, c'est que je dois passer chaque jour devant le lieu où on l'a assassiné. J'ai toujours les larmes aux yeux et je suis très en colère en disant "Mais pourquoi". J'ai l'impression que je deviens de plus en plus folle, mais je me tue plutôt au travail et je m'accroche à Dieu.

    Mais ce que je voulais vous dire, c'est que mon fils a un jumeau et j'imagine chaque jour en le regardant sa douleur et je sais qu'elle est encore pire que la mienne. Et je ne sais pas quoi faire car il n'en parle pas mais je sens qu'il en souffre affreusement. Aidez-moi SVP.
    • Bonjour,
      Je suis extrêmement touché par votre message. Pouvez-vous conseiller au jumeau de votre fils disparu d'entrer en contact avec un de nos responsables Frères et Soeurs, en consultant cette page ?
      https://www.apprivoiserlabsence.com/entraide/groupes-freres-et-soeurs/

      Avec mes pensées les plus chaleureuses,
      Pierre - webmaster du site.
      • Merci Pierre de m'avoir répondu mais je n'arrive pas à lui en parler. A la maison j'ai l'impression que ni mon mari ni son jumeau ni mon fils déjà marié et sa petite famille n'osent en parler de peur peut être de mettre le couteau dans la plaie et d'en souffrir encore plus; Mais en tant que mère je sens et je sais que Tsilavo manque terriblement à tout le monde surtout lors des anniversaires, des fêtes qu'on passait joyeusement ensemble. Il est si gentil et souriant. Il trouvait toujours des mots rassurants à tout problème.
        Mon mari s'est culpabilisé en disant que s'il n'était pas en mission ce jour-là, son fils serait encore vivant car il l'aurait pris à son Ecole en voiture comme il le fait chaque jour. On a tout essayé pour égayer la vie de Tsihoarana son jumeau en l'envoyant finir ses études supérieures en France (on habite à Madagascar) mais en vain car à son retour, il passe tout son temps aux jeux sur PC. C'est avec ses amis gamers qui passent régulièrement qu'on peut l'entendre rire et s'amuser mais après il retombe dans un silence complet et pesant.
        Qu'est-ce que moi et mon mari peuvent faire pour l'aider à poursuivre à survivre?
  5. C'est en pleine détresse que je vous lis, je refuse de prendre les médicaments prescrits par mon médecin de peur de devenir un zombie. Nous venons de perdre notre fils ainé Théo, âgé de 19 ans et 1/2 le 27 août dernier, il a chuté du balcon d'un immeuble. Nous sommes dévastés... Nous essayons de faire face, pour nos deux autres garçons... Je me bouste chaque matin : lèves toi, laves toi... Je fonctionne par automatisme... Je cherche donc des groupes de paroles, ça m'aide de vous lire...
  6. C'est impressionnant comment je peux me retrouver dans ce que vous dites.
    Moi j'ai perdu ma petite fille qui avait à peine un an, et la vie est si difficile maintenant.
    De plus je me sens très seule, il n'y a que très peu de gens présents pour moi, beaucoup ne savent certainement pas comment réagir face à moi.
    Du coup j'ai l'impression qu'ils continuent de vivre comme si elle n'avait jamais existé, et pour moi c'est tout simplement incompréhensible.
    Enfin bref...
    Bien à vous
    Fanny
  7. Nous avons perdu notre Marie il y a 2 ans, fauchée en vélo par un chauffard ivre et drogué. Elle avait 24 ans et démarrait une carrière de professeur d'anglais où elle était déjà très prometteuse. À chaque fois que je regarde des photos, ce qui me vient à l'esprit est : "C'est pas possible". Comment fait-on pour accepter la réalité de l'inacceptable ?
  8. J'ai moi aussi perdu mon fils dans un accident de la route alors qu'on préparait le réveillon de Noël, il y a quelques années. Ça a été terrible, horrible, mon âme était morte avec lui, je n'étais plus qu'automatisme (pour mes autres enfants, pour mon mari)...

    Puis un jour, j'ai reçu des messages inspirés de lui, cela a duré deux ans, pour finir comme ils avaient commencé... J'ai mis très longtemps à en parler (trop cartésienne !). Pourtant, ils ont contribué à me faire retrouver la paix. Alors, à la demande d'amis endeuillés, je me décide enfin à les publier dans un blog tout simple, pour le cas où ils pourraient servir : https://espere19.blogspot.fr/

    Je vous souhaite tout le courage du monde...
    Anne, une autre survivante.
  9. J'ai perdu ma fille de 39 ans fin Juin d'un cancer... la souffrance est intolérable ; je continue de vivre pour mon autre fille ; et je pense à tous les parents qui ont perdu comme nous une de leurs raisons de vivre... à vous tous qui êtes dans la peine...
  10. Bonjour Gaëlle,

    Je vous ai lu en 2015 et vos mots déjà m'avaient profondément touchée, ma fille m'a quittée en mars de cette année maudite. Aujourd'hui, 2 ans après, j'ai le même ressenti que vous. Je ne vis pas, je survis. L'absence est là, profonde et cruelle. Comme vous, je poursuis ma route et cela n'est pas facile, car je ressens une profonde solitude, mais pour les autres il faut continuer et faire semblant.
    Mais dans mon coeur, dans mon tout être, l'absence de ma Céline me déchire et il n'y a pas un jour de répit dans la douleur que je ressens. Je suis avec vous par la pensée. Je me permets de vous embrasser. Christine
  11. "Malgré la non-perspective d'un futur meilleur", demain, après-demain seront identiques... Notre route sera pour toujours au bord d'un gouffre très profond... Nos enfants chéris nous manquent trop... Affectueusement. Annie
    • Oui Annie, c'est ça. Un quotidien monotone bercé d'automatismes, de vide et de faux paraître. Mais de temps en temps, un souvenir, un partage, un sourire, un fou rire viennent transpercer de façon vive éphémère ce brouillard.
      La vie ne reprendra pas. Mais nous continuerons malgré ces vents contraires à avancer doucement, traînant avec nous ce terrible fardeau qu'est notre chagrin. La place d'Alice est terriblement vide. Encore plus certains jours comme celui-ci, où je ne peux que penser à Elle encore plus. Journée d'ouverture des examens du bac. Je me mets à imaginer ce que serait son parcours. Elle voulait faire littéraire. Elle savait jouer avec les mots et les exprimer avec une telle lucidité. Elle aurait aimé être psychologue pour enfants. Le serait-elle devenue? J'aime à le penser.
      Cette année est celle de ses 18 ans, de son premier vote, de son bac, de ses premières leçons de conduite peut-être.
      Je suis triste encore plus. J'aime à croire à des jours plus doux, même au bord de ce gouffre aspirant.
      Je veux continuer à avancer sur ce bord si scabreux car je sais qu'Elle ne voudrait pas que je perde mon équilibre.
      Affectueusement. Gaëlle
  12. Combien votre texte fait résonance...
    Nos filles avaient le même prénom... Lili
    Des soleils...

    J'entends profondément votre chaos, je le vis.
    Je comprends... Les mots signent leur échec et ne peuvent décrire cette absence abyssale, cette douleur infernale, indicible, interminable, insupportable, infinie.

    Je suis là avec vous.
    Marie-Michèle
    • Merci Marie Michèle.
      Se sentir comprises est très important dans notre combat quotidien.
      De tout coeur avec vous, avec toutes les mamans, papas, fratrie, famille, amis ...

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