La dernière image du film Et je choisis de vivre sorti en salle le 5 juin 2019 annonçait l’ouverture d’une plateforme : Mieux Traverser le deuil.
Et pourtant : “Ce n’était pas vraiment dans nos projets de se lancer dans cette histoire. Les anciens sont plus expérimentés que nous sur l’impermanence de la vie. Mais le deuil est une question qui nous concerne tous. La mort est au cœur de la vie et si le deuil en est l’expérience la plus douloureuse, c’est aussi celle qui renferme peut-être le plus grand potentiel de vie”, déclare Nans Thomassey, co-réalisateur avec Damien Boyer du film (propos recueillis par Olivier Milot, Télérama 3621 05/06/19).
Faisant partie des anciens… dans le milieu du deuil, cela sonne comme un écho à Traverser le deuil, remarquable site d’accompagnement au deuil crée il y a dix ans à l’initiative de Christophe Fauré, psychiatre, parrain d’Apprivoiser l’Absence et responsable éditorial d’un site qui a rallié tous les acteurs autour du deuil. Quelques années plus tard, le site a dû fermer : c’est une grande et difficile aventure que de tenir dans la durée, de garder vivant un site, de l’enrichir encore et encore et de rendre accessibles le maximum de ressources dans un esprit de coopération et de mutualisation des compétences.
Une équipe jeune fondée, soudée dans la Drôme, parce qu’un petit Gaspar y a existé, une équipe vivante, vibrante, déterminée propose aujourd’hui, avec le soutien de Christophe Fauré, une plateforme pour mieux traverser le deuil.
Mieux au sens de le traverser au mieux de ce que chacun vit, ressent, expérimente parce que le site a une belle ergonomie, une arborescence où l’on peut trouver aisément ce que l’on cherche ou explorer et se laisser surprendre.
Mieux parce que c’est mieux, beaucoup mieux d’être pris par la main et accompagné quand on se sent seul ou dévasté ou désireux d’aider. A cette fin, trois entrées sont proposées sur la page d’accueil : Je suis endeuillé(e), Je suis un aidant (une personne qui cherche à soutenir quelqu’un dans le deuil), Je suis un professionnel, chacune donnant accès à un questionnaire personnalisé qui oriente le « visiteur » vers des aides appropriées à sa situation.
Mieux parce que c’est mieux si tous les acteurs engagés autour du deuil, y compris les associations d’accompagnement du deuil, peuvent et souhaitent se saisir de cette plateforme comme un relais pour mieux faire connaître leur champ d’action, leurs offres d’accompagnement.
Mieux parce que c’est toujours mieux entre personnes et structures concernées, d’avoir à cœur d’œuvrer ensemble au service d’une belle cause vers toujours plus d’humanité.
Le 5 juin la plateforme ouvrait : défi relevé, pari tenu… par l’équipe. Bravo ! Et, somme toute, cette plateforme a belle allure…
Il est temps d’aller la découvrir, si ce n’est déjà fait, de la faire connaître, de lui donner notre confiance et de se réjouir de la voir au fil des jours s’enrichir, s’élargir… pour mieux chercher à s’adapter aux demandes, aux besoins, aux attentes, de vous, de nous, des uns et des autres.
dominique – Apprivoiser l’Absence
Je m’en veux de ne pas accepter l’absence de Sébastien. Je dois arriver à traverser ce deuil pour mon petit fils de 8 ans qui n’a plus son papa et qui fait preuve d’un courage extraordinaire.
Je viens de découvrir par hasard, grâce à "Sagesses Bouddhistes" ce matin, votre site.
Une situation m'interpelle dans laquelle je rencontre une difficulté pour y faire face. C'est celle-ci : en février dernier, un garçon de 17 ans me joint au téléphone et me tient le propos suivant:
"J'aimerais vous rencontrer. Je ne sais plus qui vous êtes. Vous êtes venu aux obsèques de ma maman il y a 11 ans. A cette occasion vous avez dit un texte que vous aviez écrit. Je l'ai conservé et je le garde précieusement. Vous avez connu ma maman et j'aimerais échanger avec vous sur elle. Etc."
Dans un autre mail :
"Je veux tuer la vie qui m'a privé de ma mère et m'a volé mon enfance. Il y a beaucoup de haine en moi."
Le garçon est passé par plusieurs phases : drogue, petite délinquance, instabilité. Vivant avec son père, il a mis sa petite copine de 16 ans enceinte. Tout semble pour lui aller de travers. Ceci, c'est pour l'aperçu. Le reste est vaste, explosif et poétique à la fois.
Je crains que mes propos pour le tempérer aient eu un effet un peu contraire. Le corona-virus a mis un frein à notre communication. Je ne souhaite pas être le "vieux con" qui dérange par des propos moralisateurs ou/et à l'eau de roses.
Qu'est-ce que vous en pensez ?
Il a fallu cette loi pour que j’apprenne votre existence.
Mon fils (35 ans) a perdu la vie dans un accident de moto.
Je n’y connaissais rien question démarches ni droits.
En plus de la surprise douloureuse, je devais faire face à l’angoisse financière.
J’aurais aimé trouvé une liste de démarches à faire et d’assos pour m’aider à l’état civil de la Mairie.
Voilà dix ans que Romuald est parti mais il est toujours près de moi.
J'habite Tours. Mon fils s'est suicidé le 31 juillet 2015.
Je n'ai trouvé à Tours aucune association ou grope de paroles et je trouve cela abhérant.
Moi je suis de Reims, mon fils s’est suicidé le 19 avril 2019.
Il n’y a pas de groupe de paroles à Reims et je trouve cela absolument aberrant.
Monique
J'ai perdu mon fils cadet de 46 ans, d'un accident de moto; l'atrocité, c'est qu'il soit passé sous la voiture; et dix mois après mon fils ainé super gentil a commencé sa première séance de chimio, atteint d'un cancer du poumon avec métastases au cerveau, os et foie qui l'a achevé.
Il a beaucoup souffert; à présent, je n'ai plus d'enfants : une HORREUR.