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Un spectacle profondément vrai

Tu seras un Homme Papa - Au Lucernaire - Jusqu’au 8 décembre 2018

 

Se lier aux autres, se lier au sens, se lier au Réel,
l’éternité des liens comme seule vérité.

Cynthia Fleury, Les irremplaçables

 

Le 7 novembre en soirée, Apprivoiser l’Absence nous conviait au théâtre du Lucernaire pour voir la pièce Tu seras un homme Papa. Nous y avons découvert un acteur, Gaël Leiblang, le papa de Roman, ce tout petit garçon qui aura passé treize jours dans le monde des vivants, sous le regard ému, tendre et souvent inquiet de ses parents.
J’y étais, j’ai aimé et la prestation et l’échange qui suivait, avec un homme profondément vrai, relié qui raconte son parcours de… battant, de vivant et l’impact de la courte existence de Roman sur chacun dans sa famille.

L’histoire commence et se termine dans une boulangerie : un père et ses trois filles (deux grandes, nées avant Roman et la troisième, la plus petite, après), trois pains au chocolat… et, un éclair au chocolat, “parce que c’est bon les éclairs”.
Entre les deux, il raconte la vie et la mort, avec pour métaphore le sport et un phare Usain Bolt. Avant tout, il incarne le besoin impérieux, irrépressible, propre au deuil, de parler, de raconter encore et encore celui qui est parti trop tôt toujours, si tôt parfois. Il raconte, en sautant à la corde d’un pied sur l’autre, très vite, en courant, en rampant, en boxant… et l’essoufflement qui s’en suit – à peine perceptible ou intense – nous dit bien l’urgence, les moments d’espoir et ceux de désespoir, l’urgence de vivre pleinement avec ce tout petit, de tout capter, de tout saisir.

Il raconte l’intime, sans impudeur, sans pathos : c’est rude à entendre, c’est beau et c’est violent parfois, qu’on ait connu ou non, le deuil d’un tout petit. Tout ce qui est dit, de ce deuil-là – le deuil périnatal – est juste et vrai, un deuil que l’entourage trop souvent minimise, un deuil où il y a si peu de temps pour se faire des souvenirs et emplir la malle au trésor, pour après.
Il raconte aussi le lien puissant avec une équipe soignante, elle qui a connu Roman. Et, nous comprenons combien ce qui a été vécu avant détermine l’après, la manière de s’engager dans le processus de deuil.

C’est – m’a-t-il semblé – dans ce lien-là aussi, au-delà de l’absence et dans un lien mystérieux avec son fils, que le papa de Roman a puisé pour transformer le chagrin et être, devenir, un homme autre “qu’un homme qui passe, tenant son enfant par la main“ (Victor Hugo).
Cela se passait au Lucernaire et y sera jusqu’au 8 décembre 2018, là-haut, tout en haut dans la petite salle du théâtre qui s’appelle “Le paradis“.
Et sans hâte, on quitte le paradis, silencieux, submergé d’émotion, reconnaissant.

dominique Davous, ancien Fil rouge Apprivoiser l’Absence


Le Lucernaire – 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris

Téléphone : 01 42 22 66 87

Métro : ligne 12 (Notre-Dame-des-Champs), ligne 4 (Vavin ou Saint-Placide) Bus : 58, 68, 82, 91, 94, 96

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