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Mon Nicolas

C’était il y a si longtemps
Tes yeux se sont fermés pour toujours,
Depuis je cours le monde pour me fuir et je ne recueille que mes larmes
Je ne te quitte jamais
Mon amour pour toi était si grand
Comment ai-je fait pour survivre
Bien sûr, Il y avait papa et ton petit frère
Pour eux j’ai continué tant bien que mal
Et puis papa t’a très vite rejoint
Nous laissant encore dans le désarroi
Pour ton petit frère je devais encore vivre

Je t’aimais tellement

Je voudrais que la lumière dans laquelle tu vis m’éclaire
Je voudrais que le monde dans lequel tu vis me soit plus sensible

Ici on ne parle plus de toi,
Tu comprends ils ne te voient plus
Ils n’ont pas connu un tel amour fracassé
Ça me fait mal de les voir t’oublier
Ça me fait mal de ne pas les entendre parler de toi
Mon cœur bat si fort pour toi
Je lève les yeux au ciel et je ne pense qu’à toi
C’est dur tu sais de continuer sans toi,
C’est dur tu sais de continuer de vivre
Le monde me fatigue tant
Les distractions humaines si éloignées

Je compose avec ma douleur
Je ne m’en déferais jamais
Je t’aime trop
Je sais que je te retrouverais
J’essaie de rencontrer des êtres qui ont des petites fenêtres sur le ciel
Ils illuminent ma vie
Le ciel est ta vie, ton monde, ta lumière
Malgré mon chagrin, l’espérance m’habite
Ton monde a déjà pénétré en moi
Pour ton petit frère je dois encore vivre
Toi, tu es à l’abri mais lui a encore besoin de moi

Je t’aime tellement

Je voudrais que tu ne me laisses pas aller au désespoir
Je voudrais que tu ravives constamment en moi la flamme de l’espoir

Chantal de Saint-Sulpice en Suisse

9 commentaires

  1. Anne,

    Cela fait pour moi 26 ans que Renaud nous a été arraché par la maladie. La douleur est moins violente mais j'ai souvent les larmes aux yeux lorsque je pense à lui.

    J'ai éprouvé beaucoup de culpabilité ; je pensais ne pas avoir fait tout aussi bien qu'il le fallait. Même aimante, une maman n'est jamais parfaite. Je parle tous les jours à mon fils lorsque je pars marcher ; je le remercie en regardant le ciel, les arbres et les oiseaux au-dessus de moi.

    Merci de m'avoir beaucoup appris. Il m'a permis d'avancer dans ma vie. Il a tant souffert que je le sais aujourd'hui heureux, veillant avec amour sur nous ses parents et sa soeur.

    Courage à toutes celles et tous ceux qui souffrent. Notre amour n'est jamais perdu.
    • Il avait 24 ans, et maintenant 31 ans de souffrances.
      Je me refugie dans le travail et ces promenades, seule, où au milieu de la nature je retrouve un peu la paix de l’âme, j’ai l’impression qu’il est avec moi à admirer l’univers... Cela donne l’énergie de retourner vivre avec les vivants, qui ne doivent pas être punis de notre immense chagrin inconsolable.

      Oui, souvent nous sommes condamnés à la solitude intérieure et qui doit rester secrète pour les autres. Heureusement, car si nous arrivons à ouvrir notre cœur aux autres, ils nous permettent d’accepter de continuer à vivre presque aussi bien qu’eux.

      Oui, c’est important d’écouter les autres et de les comprendre dans leur propre solitude, car même s'ils n’ont pas vécu notre drame, ils sont persuadés d’être très malheureux parfois; en m’intéressant à leurs problèmes, je finis par arriver à minimiser mon immense malheur, en effet â trouver des solutions pour les sortir de leurs problèmes (quand c’est possible), le fait de se rendre utile donne un sens à la vie !

      Puisque nous nous écrivons, courage. A tous, nous ne sommes plus seuls dans la même galère.
  2. Chantal, Anne,

    J'ai perdu mon fils le 21 avril 2015 après deux mois de réanimation dans un hôpital de province dont je tairai le nom. J'ai été à ses côtés deux mois du matin au soir. J'avais pris une chambre d’hôtel et de temps en temps sa sœur me disait de rentrer chez moi pour décompresser, mais à peine arrivée je faisais une lessive et préparais une valise avec le linge déjà prêt.

    Que vous dire? Je savais que je ne pourrai plus lui parler et avoir une réponse, mais je lui parlais quand même en plongeant dans nos souvenirs et plusieurs fois une larme coulait, alors je me taisais et me préparais au pire.

    Je me suis donc blindée car j'étais seule et je me devais d'être digne, mais les conséquences sont graves aujourd'hui car je suis devenue un roc. Comme Anne, quand je regarde le ciel, je dessine le visage de mon fils, je lui parle tous les jours; mais le plus dur, c'est l'absence et se dire que jamais plus, je ne le reverrai.

    Je crois qu'il faut arriver à la résilience et vivre sans jamais laisser paraître sa détresse. Il faut avoir connu ce drame pour comprendre. Depuis quelque temps, si on me demande combien j'ai d'enfants, je dis : deux. J'ai compris depuis que je n'avais rien à dire à personne sauf quand je croise quelqu'un qui a vécu le même traumatisme.

    Je vous embrasse affectueusement toutes et tous, puisque nous faisons partie de la même communauté.
  3. Chantal,

    Je comprends tellement la douleur que procure cet hématome à l'âme... Dès qu'un rayon de soleil ou de lumière arrive, alors je ferme les yeux et toutes ces petites bulles de lumière me relient à ma Juliette , 25 ans partie en juillet dernier...

    L'amour est éternel.

    Affectueusement,
    Solange
  4. Bonjour Anne et Chantal,

    Mon fils Gillian est décédé le 26 avril 2016 à 43 ans. C'est vrai qu'un tel événement change les personnes. Moi aussi les autres m'agacent et je m'ennuie très vite en leur conpagnie. Cette douleur indescriptible que nous seules pouvons ressentir.

    Vivre sans lui. Sa voix me manque. Nous parlons de la vie et des événements sans se contredire, car il respectait tous les avis.

    Bon courage à toutes
  5. Je viens de perdre ma fille d'un cancer (rare) je suis entourée, mon mari qui partage la même souffrance, mon autre fille malgré la distance géographique, mais je me sens tellement seule face à l' absence. Mathilde me manque tellement, je la cherche, où est elle ? Pourquoi elle ? Ce "plus jamais" est terrible. Avant sa mort, je lui ai promis que je lui parlerais chaque jour, mais je n'y arrive pas : je ne sais que pleurer.
    Je voudrais partager avec d'autres parents parce qu'il faut l'avoir vécu pour comprendre, cela maintenant je le sais.
    Vos témoignages me touchent, mais j'ai l'impression d'avoir laissé toutes mes forces dans le combat contre la maladie, que nous avons perdu.
    • Moi aussi, je viens de perdre ma fille de 38 ans d'un cancer rare, après 4 ans de combat contre ce mal implacable. Nous étions très proches et son absence est terrible, tous les soirs je lui raconte ma journée, mais les images des derniers mois, des derniers jours, de la dernière nuit parasitent mon récit.
      Moi aussi, je n'ai plus de force après ce combat où je l'ai accompagnée tous les jours, je repense à son courage et je suis désespérée de ce qu'elle a enduré pour rien. Je pense aussi tout le temps à ses deux petits (6 et 10 ans) qu'elle était triste de quitter
      Elle me manque terriblement et je sais que cela s'aggravera avec le temps. J'attends un signe de sa part qu'elle m'avait promis, mais rien...
  6. Merci Anne, cela fait si longtemps que j'ai perdu mon Nicolas mais chaque jour je me lève en pensant à lui. Je pense que nous retrouverons nos enfants, c'est une certitude parce que la vie n'aurait aucun sens autrement. Mais c'est si dur de continuer. Les autres, les gens ordinaires ont déserté ma vie depuis longtemps et puis j'ai tellement changé, je m'ennuie avec eux, ils me fatiguent tellement avec leurs petits problèmes. Je pense à vous Anne, à toutes les mamans, nous sommes des sœurs de cœur. Courage à vous.
  7. Chantal. Comme vous je regarde toujours vers le ciel où se trouve mon enfant disparu. En lisant vos paroles je me sens moins seule face à cette insupportable absence. Affectueusement. Anne de Seine et Marne.

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