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Le couple

“Je voudrais aussi parler de la souffrance dans notre couple, parce que, souffrir à deux, c’est finalement souvent constater que l’on souffre seul, l’un à côté de l’autre, même si l’on a la chance d’être à deux. La souffrance, en fait, c’est pour moi l’apprentissage de la solitude, même au cœur de la tendresse ou de l’amitié.” Colette

“Sur le plan physique, j’étais incapable d’accueillir le désir de mon mari, et j’avais l’impression d’être “pleine” de Géraldine et de ce que nous venions de vivre. (…) Pour lui, au contraire, la relation physique était rassurante ; c’était le lien qui le reliait à la vie, qui était germe de vie, et je sentais qu’il en avait profondément besoin.” Annick

6 commentaires

  1. Après le décès d'un enfant et quel que soit son âge, le couple est démoli.
    Chacun vit sa souffrance à sa façon et se replie sur lui-même.
    Les relations se trouvent perturbées, voire inexistantes mais ce n'est pas la priorité.
    Mon fils nous a quittés brutalement il y a 1 an et tout est encore difficile dans notre couple.
    • Nous c'est le contraire. Nous sommes attentifs à la douleur de l'autre, à sa fatigue (qui est immense). Durant ls 15 premeirs jours qui ont suivi le décès de notre fils, nous ne nous sommes pas quittés plus de 10 minutes d'affilée, l'un veillant sur l'autre. D'abord la douleur et la fatigue font faire des bêtises (conduite, décisions...). Le couple qui vole en éclat après le drame, ce n'est pas inéluctable.
    • Après le suicide de notre fils à 14 ans, notre famille a tenu deux ans. Ma femme a pris la décision de partir et de divorcer : vingt années volaient en éclat. Ma fille a suivi sa mère mais nous restions en relation jusqu'à ce que je trouve une compagne. Ma fille a rompu le contact totalement. Elle refusait mes coups de téléphones, mes mails. Elle m'avait banni de son Facebook. Depuis ce Noël, elle a repris timidement le contact en m'envoyant d'abord une carte pour mon anniversaire, puis pour les fêtes...
      Pour les amis, je ne suis plus le gai luron qu'ils connaissaient, je suis devenu d'après eux un taciturne.
      Ma compagne actuelle ne m'a pas connu ainsi. Elle a une famille très unie et fusionnelle. Chaque rencontre est comme un coup de poignard car aussitôt, je suis submergé par le souvenir de ce que j'ai perdu. Le mariage de la nièce, la naissance du petit-fils, les vacances à la mer... A chaque fois, les images de mon bonheur passé me plonge dans la mélancolie.
      J'ai malgré tout noué de solides relations avec les enfants de mon "nouveau" beau-frère, un en particulier. Il avait tellement de trait communs tant physiques qu'intellectuels avec mon défunt fils... Mais voilà, il est parti aussi. Un stupide accident de la route par une nuit horrible où les éléments de la Nature se sont déchaînés...
      Voilà qui a provoqué un nouveau tsunami en moi et rajouté une nouvelle plaie qui ne cicatrisera pas non plus.
      • Chantal de suisse
        J'ai perdu mon adorable fils âgé de 17 ans alors il y a 15 ans je crois, je ne compte plus.. Il s'appelait Nicolas.
        Avec mon mari les relations ont été alors difficiles car je lui reprochais de ne pas parler, je souffrais tellement, il me semblait qu'il allait moins mal que moi; en fait j'ai compris bien longtemps après que dans un couple chacun souffre dans son coin. Mon mari n'a pas supporté le décès de notre fils, il a fait une rupture d'aorte 2 ans après me laissant encore plus seule avec mon jeune fils de 13 ans.
        Je ne sais pas comment j'ai fait pour vivre toutes ces années mais ce que je peux dire c'est que j'ai été profondément seule, beaucoup de gens n'osaient plus m'adresser la parole et je leur en veux encore beaucoup aujourd'hui. Depuis toutes ces années je suis en décalage profond avec les autres car je vis avec mon fils, je l'aime tellement, je suis aussi très seule parce que la perte de mon enfant m'a éloignée des autres, cette cicatrice béante ne se refermera jamais, je ne supporte plus les gens en général sauf ceux qui partagent la même souffrance car des liens se nouent entre nous, nous nous comprenons si bien.
        En fait, les autres n'ont plus jamais parlé de mon enfant je suis donc devenue très silencieuse, portant un masque constamment mais lorsque je le retire une fois chez moi je craque souvent. Je tiens bon pour mon autre garçon sinon je ne serais plus là. Perdre son enfant nous fait basculer dans un autre monde, ceux qui ont la chance d'être entourés, d'avoir de la famille peuvent s'en sortir à peu près; mais moi je n'ai plus de famille, j'ai perdu mon frère, ma sœur et mes parents en plus, je n'ai pas d'amis non plus.
        Je me suis faite de nouvelles relations, j'ai beaucoup voyagé pour trouver de l'aide parmi des associations ou des personnes, j'ai beaucoup lu et ce qui m'aide vraiment beaucoup est la foi. Lorsque je ne vais pas bien je vais me recueillir dans une abbaye où je me ressource et les personnes qui fréquentent ces lieux deviennent des proches car nous sommes tous en recherche, en souffrance souvent.
        Les fêtes comme Pâques sont très difficiles à passer pour moi, tout me rappelle un passé heureux ou nous étions quatre qui nous aimions. Le bonheur des autres me fait mal, j'évite aussi la foule.
        Mon Nicolas n'avait que 17 ans, je l'aimais tellement : je ne pourrais jamais vivre sans penser un instant à lui et j'ai hâte de le retrouver.
      • C'est rare qu'un homme écrive à propos de la mort de son enfant. Où en êtes-vous, maintenant, François ? Avez-vous réussi à continuer avec un peu de joie ? Avez-vous retrouvé la communication avec votre fille ? Et parvenez-vous à partager l'indicible qui est le nôtre à tous, ici, avec votre nouvel entourage ? Je vous souhaite la paix.
        • Anne, je peux comprendre votre étonnement, car effectivement si peu de papas endeuillés parviennent à s'exprimer sur un forum alors qu'ils souffrent tout autant que les mamans. Mettre des mots sur ces maux si douloureusement ancrés, face à l'indicible, c'est être lucide de sa fragilité.
          Je suis un papa qui souffre terriblement de l'absence de son fils depuis trois mois. Je lutte pas à pas, jour après jour et si ce moyen peut contribuer à me rendre plus fort, pour tous ceux que j'aime et qui m'aiment, je le prends, comme très certainement davantage de papas le feront dans quelque temps.
          Bien à vous François, en pensées avec Anne.

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