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Du deuil à mon engagement bénévole

Comment le vécu de mon deuil m’a amenée jusqu’à mon engagement bénévole?

Après la dévastation des premiers temps de la perte de mon fils, je me suis traînée jusqu’à une porte qui ouvrait sur une association d’écoute et d’entraide. Cette association a fait l’unique chose dont j’avais besoin pour survivre hormis l’entretien de mes fonctions vitales. Elle m’a accueillie et soutenue psychiquement.

Même si des années durant je suis restée profondément anéantie et vulnérable, le temps d’accompagnement dont j’ai pu bénéficier a été fondateur et a permis l’élaboration des prémisses de ma reconstruction. C’est ce point essentiel qui m’a projetée dans une réflexion consciente pour m’engager dans un cadre soutenant à l’égard de ceux qui vivaient ce que j’avais traversé des années auparavant. Par ailleurs, il me semblait évident qu’il fallait, à mon niveau, soutenir et perpétuer des actions en faveur d’une structure ayant un rôle indispensable dans une société où le deuil et la mort ne sont plus pris en compte par tous les membres qui la constituent en reléguant dangereusement cette dimension uniquement à la sphère intime et personnelle.

Je ne saurais dire quel bénéfice exact me procure mon investissement alors que de multiples facettes de moi miroitent des pans d’écoute, d’empathie, de réflexion, de co-partage, d’écho-résonance. Est-ce le tissage de tous ces facteurs à présent constitutifs de ma vie alliés à ma “soupe primitive” qui m’amène à continuer sur le chemin du recevoir et du don?

Très tôt j’ai su que je m’engageais bien moins par fidélité à mon fils que pour moi-même en tant que maman ayant perdu ce lien unique avec lui vivant. En m’investissant il s’agissait pour moi de permettre à d’autres parents endeuillés de vivre la parole déposée et l’entraide qui émerge quand on écoute l’autre et aussi soi-même.

En venant au monde, mon fils détenait une promesse d’avenir mais en partant il ne l’a pas emportée. Non, il me l’a directement adressée.

Alors, même si le banc du jardin public où je me trouve en écrivant est vide de la présence de mon fils, les sentiments des générations de passants planent pour se mélanger à cette absence. Quelque part il y a un temps et un lieu pour tous ceux qui ont besoin de se poser, de respirer sous les arbres, de redécouvrir le chant des oiseaux et de sentir l’odeur de l’herbe verte, tout simplement…

Valérie Mounier

2 commentaires

  1. J'ai ressenti moi aussi cette nécessité d'aller vers les autres. J'ai oublié qui ou ce qui m'y a conduit mais devenue bénévole en soins palliatifs j'ai découvert qu'au delà notre souffrance on peut aider les autres et s'aider soi même.
  2. Oui, il faut être là pour les autres pour se sentir vivant.

    Il y a des choses qu'on ne peut empêcher... mais si on choisit de rester après le départ d'un enfant, c'est parce que d'autres ont besoin de nous, que ces merveilleuses années passées avec nos enfants sont juste un cadeau qui nous a été repris..

    Il faut ré-apprendre à vivre sans eux. Ils ne sont pas très loin, juste de l'autre côté du chemin, comme dit le poème.

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