“Dans la vie, deux mondes se côtoient : celui des gens qui vont vivre et celui des gens qui vont mourir. Maman, mon dernier rempart contre la mort. Bientôt ce sera moi le rempart pour ma fille.” L’ordre du monde est inversé ; Benoîte s’accroche à la vie, sa fille Blandine sombre : elle vient de perdre sa propre fille, Violette; Zélie, la fille de de cette dernière, perd sa maman, devenant subitement adulte. A dix ans ! La mère perd sa fille, la fille perd sa mère. Qui est qui ?
La mère… Benoite Groult, écrivaine française reconnue, féministe, membre de l’association pour le droit de mourir dans la dignité, est atteinte de la maladie d’Alzheimer (“Maman est en train de mourir de son vivant”), sa fille Blandine et ses sœurs, accompagnent le déclin irréversible de leur mère, indépendante, libre, cash, qui a vécu avec George de Caunes, célèbre journaliste, homme de télévision dans les années 1960. Puis avec Paul Guimard, écrivain renommé auteur du livre “Les choses de la vie”.
La fille… Blandine de Caunes, fraichement retraitée après une carrière dans l’édition, se retrouve confrontée à la mort brutale et soudaine de sa fille Violette, âgée de trente-six ans dans un accident de voiture.
Ce livre retrace ce double deuil, la petite fille qui est morte, la maman, jeune grand mère, désemparée, qui s’accroche pour tenir car Zélie, sa petite fille de dix ans, est là et lui interdit de flancher. Affronter la mort de son enfant, la déchéance physique de sa mère, et le regard et la parole mature de sa petite fille de… dix ans. Quelle épreuve !
Cette simultanéité aurait pu en broyer plus d’une, mais Blandine de Caunes, digne héritière de sa mère, mère elle-même d’une fille volontaire et grand-mère d’une petite fille plongée dans la vie d’adulte “précocement”, nous livre le tableau d’une lignée de femmes, chacune originale et à la forte personnalité, qui affronte la mort en face avec inévitablement ses moments de lucidité, de doute, de perte du réel, d’espoir “malgré tout”, du sentiment de perte irréversible et aussi cet amour transgénérationnel, incrusté au plus profond de chacune.
Comme moi, j’en suis sûr, vous serez aimantés par ce livre empli d’une tonicité inextinguible où humour et force vitale sont omniprésents !
Yves C.
Après tous ces chaos entremêlés, si on décide de vivre, on reste debout. Comment ? Je ne le sais pas vraiment et je me garderai bien de donner des recettes. Chacun doit trouver comment ça lui est possible. Ou pas.
Finalement, c’est maman qui m’a aidée à surmonter la mort de Violette (il m’a fallu presque deux ans pour le découvrir). Maman et son goût forcené pour la vie qu’elle m’a transmis, comme sa propre mère le lui avait transmis, elle aussi qui avait perdu une fille Marion, à l’âge de dix-huit ans.
La vie est toujours plus forte.
Le temps ne guérit rien ; il atténue les souffrances, et c’est déjà beaucoup. Le deuil n’est pas une maladie et s’il y a des pilules pour aider à vivre, il n’y en a pas pour guérir ce chagrin. On se sent toujours coupable de survivre à ceux qu’on aime, surtout à son enfant, même si c’est plus ou moins conscient.Dans ce chaos, le pari le plus incroyable est celui de vivre. Benoite
Je dois apprendre à vivre, moi aussi, pour survivre, tout simplement. Blandine