Rabbit Hole (Univers parallèles), à l’origine une pièce américaine, sait toucher les parents qui, comme moi, ont perdu leur plus beau diamant. Une histoire a priori tristement banale, pour moi aujourd’hui. Comment survivre à “ça”, la perte de leur fils, tué dans un accident, et vivre chacun “à sa manière” sa façon “d’envisager la suite”, de sauver sa peau ?
La maman, le papa, sa soeur, sa mère et même celui qui indirectement a causé la mort du fils sont ici réunis dans la maison familiale. Chacun avec sa fougue, son coeur, ses maladresses, ses “fautes”, ses manques, ses “trop plein-trop vide” réagit dans sa solitude avec sa personnalité face à cette énorme tornade.
L’auteur a résumé la colère, la peur, les angoisses des uns et des autres, les relations du couple désynchronisées, chacun cheminant à sa façon et cherchant malgré tout le rapprochement avec l’autre. L’amour déborde et s’exprime avec intensité et fougue, qu’il soit maternel, paternel, marital, sororal… La grand-mère a perdu son fils et sa fille qui a aussi perdu le sien, la soeur qui est enceinte, toutes et tous cherchent, se cherchent, se trouvent, se fâchent, se réconcilient…
Le père (expert en gestion du risque !) tente la “solution” d’un groupe de paroles. La naissance future est concomitante au rangement de la chambre du fils mort, les cadeaux au futur bébé coïncident avec le don (l’abandon?) des jouets du fils disparu.
Cette pièce condense sobrement des situations où tous, parents, frères, soeurs, orphelins, nous pouvons nous reconnaître, à des moments divers et de différentes façons. Les relations intrafamiliales sont abordées avec véracité et de façon directe.
Comment ne pas se montrer admiratifs de l’auteur de la pièce, de la metteuse en scène/adaptatrice, des décors si symboliques, si simples; et surtout des acteurs touchant de présence humaine et si proches de nous par leur jeu magique empreint de fragilité et de vérité. Julie Gayet est solaire dans le rôle de la maman en deuil, tous jouent magistralement et expriment sentiments et émotions tout en nuances.
Alors comme moi, allez voir cette pièce et comme la mère vous penserez qu’un
lien avec nos enfants perdure et se perpétue débarrassé de toute contingence terrestre dans un univers, un espace-temps autre et que ce lien d’amour est indestructible.
Yves Claquin
Photo : © Simon Gosselin
Les Bouffes Parisiens – 4, rue Monsigny 75002 Paris
Téléphone : 01 42 96 92 42 ou 44
2 commentaires