A l’issue de notre assemblée générale de 2016, Didier Pourquery, journaliste et écrivain, est revenu sur le délicat chemin de son deuil. Pour affirmer qu’en dépit du temps, l’amour d’un père pour sa fille disparue ne passera jamais.
Dans le livre L’été d’Agathe, les mots n’ont pas fait revivre Agathe, morte de la mucoviscidose à l’aube de sa vingt-troisième année. Didier Pourquery n’en attend nulle consolation, il a juste accompli la tâche de préserver le souvenir de sa lumineuse Agathe qui, au long de sa courte existence, ne s’est jamais départie de son énergie et d’une belle force intérieure, face à la maladie, “préférant vivre sa mort que mourir sa vie”. Pas de pathos, pas d’enjolivements de la réalité, Didier Pourquery chemine avec sa fille non sans crainte, mais avec un amour intact.
Pourquoi, après des années, avez-vous ressenti la nécessité d’écrire ce livre ?
Didier Pourqery : Je suis un compulsif des notes. Toute la vie d’Agathe est dans mes notes. Après sa mort, j’ai voulu reprendre le travail tout de suite […] Mais j’ai été rattrapé par cette absence. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose. J’ai commencé un travail avec une analyste extraordinaire […] J’avais des choses à régler, je l’ai fait pendant six ans. Et le travail d’analyse, à un moment donné, s’est mué en un travail de création. J’ai eu besoin d’écrire ce livre à partir de mes notes. Pour parler d’Agathe. C’était une obligation comme si c’était quelque chose que je lui devais, que je devais à notre famille. Comme aurait dit Agathe : “Obligé, tu vas écrire un livre”.
Dans ce livre, vous évoquez le jour où son médecin lui a dit qu’il n’y avait plus rien à faire. Et elle vous écrit : comment continuer de penser ?
Didier Pourqery : On est dans l’absurde, même si je suis croyant, il y a une part d’absurde. Mais on avance, comme le disait toujours Agathe […] On avance jusqu’à un certain point. Le jour où j’ai décidé d’aller voir un psy, c’est lorsque j’ai pris conscience que tous les soirs après le travail, je montais sur la terrasse, je sortais une cigarette, je regardais vers l’ouest et je pleurais […] Je pensais mais quelque chose était bloqué. Aujourd’hui, à nouveau, j’aime les projets, j’aime faire naître des choses.
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