Ne pas lutter contre le courant
Pour cela, on n’a pas à lutter contre le courant. Il s’agit de traverser la perte de son proche en se laissant aller à cette sorte de sommeil mortel sans se débattre, comme si l’on disparaissait soi-même avec la personne disparue. Sur le moment, on n’a aucun moyen de sentir qu’une telle traversée est juste, féconde, bénie : on ne sait pas où cela va et mieux vaut s’en dépréoccuper tout à fait. Et puis, il s’agit d’entendre la voix des autres, de prêter attention aux infimes et multiples appels à la vie, de leur donner du prix ou en tout cas de les laisser au bénéfice du doute : on ne sait jamais, peut-être s’apercevra-t-on un jour qu’ils ont contribué à re-susciter au quotidien ce mort vivant qu’on était devenu.
Lytta Basset
« Ce lien qui ne meurt jamais »