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La rentrée sans nos enfants ? Non, ils nous guident !

La rentrée… Face à soi-même et seul(e)? Non! La présence des “autres” nous est indispensable face au manque, au vide, à l’absence. Savoir raison garder quand par moments le vertige du vide, la tentation de voyage vers des rivages inconnus nous saisissent, quand ces étés interminables s’achèvent enfin dans des ciels pluvieux et nuageux !

Souvenirs de chemins vers l’école, de photos de classe, plus tard de camarades d’études, derniers mots, derniers regards, dernière chaleur qui s’en va peu à peu, inexorablement… Ne pas rester sur ces instants à jamais gravés au fer rouge au plus profond de notre être, emmagasiner cette vie, cette force que nous avons créée et qu’ils nous ont léguée. Sans eux ? Mais non ! “Leur présence en nos vies a rendu toute chose à sa dimension vraie”, comme l’a si bien écrit Véronique*. Ils, elles sont nos tremplins, notre moteur, chaque jour. Face au temps explosé, c’est leur énergie, leur force, leur fragilité, leur amour qui nous engagent à aller plus loin, plus fort, plus intensément.

Bien sûr, il est des moments où cela paraît au-dessus de nos forces, mais il faut toujours penser à eux qui sont en nous désormais, essayer d’être à la… ou plutôt à leur hauteur. Chacun réagit comme il peut soit en pensant intensément à eux, soit au contraire en éloignant leur seule évocation. Je connais tous ces instants successifs ou imbriqués, mais jamais ne doit nous quitter l’espérance, ce pourquoi nous avons la “chance” extraordinaire de les avoir croisés sur notre chemin de vie. Alors oui, soyons forts et fiers d’eux, d’elles. Ne les décevons jamais. Ils sont notre coeur qui bat, ils nous guident, nous appellent à aller vers l’avenir.

Tu es là, je le sais !

Yves Claquin

*A Solenn, par Véronique Poivre d’Arvor, Albin Michel, 2005

2 commentaires

  1. Moi, impossible de faire mon deuil même si ça fait plusieurs années que ma fille est décédée subitement suite à une greffe du coeur. Elle ne souffre plus mais pour moi que de douleurs; il n'y a pas un soir au coucher que je lui demande de venir me chercher; je ne vis pas, j'existe; ma moitié n'est plus. Merci de me lire, Jocelyne.
  2. Bonjour Yves,
    Ces mots sont ceux que j'aurais pu écrire.
    J'appréhendais cette fichue rentrée qu'aurait du faire ma petite Alice (décédée le 7 janvier 2015 à la veille de ses 16 ans). Elle devait rentrer en 1ere littéraire. Elle écrivait magnifiquement.
    Après l'été où les visites se suivaient, après le monde qui nous entourait, la rentrée a fait de ma solitude intérieure un vide total, le désert d'une île pas paradisiaque du tout...
    Mais je le savais! Je savais aussi que j'allais en plus rentrer dans les mois de "rechute". La fameuse déstructuration!
    Alors j'ai anticipé. Je me suis prise en main. Une petite introspection où j'ai énormément versé de larmes, où mon corps s'exprimait. Puis après une nuit où j'ai "rêvé" de ma fille, je me suis mise à écrire que des choses positives. Je ne voulais plus m'apitoyer car cela ne faisait qu’accroître la brisure de mon âme.
    Depuis une semaine, je me surprends à sourire en pensant à la chance qu'Alice soit ma fille. Ce petit personnage a réussi à faire en 16 années, ce que bien grand nombre de personnes seront incapables de faire durant toute une longue vie. Puis les souvenirs de l’accident s'évaporent légèrement pour laisser place aux bons souvenirs, à tous nos moments partagés, à la complicité qu'Alice avait son grand frère et sa grande soeur, à l'Amour qui régnait dans notre maison, à sa générosité, sa Beauté. Et depuis c'est son joli visage paisible qui m’apparaît, ses yeux pétillants, son sourire, sa petite voix, son humour.
    Alors oui, il faut garder espoir et se dire qu'il nous est primordial de vivre rien que par respect pour nos enfants partis trop tôt.
    Que pour nous, ils sont toujours présents. Ils sont là à nos côtés et veillent sur nous. Que si nous sommes toujours debout, c'est grâce à l'Amour.
    Je pense qu'il est mon devoir d'avancer, d'accepter l'inacceptable, l'insensé. Que je dois continuer à être forte malgré mes faiblesses, de sourire malgré ma tristesse, de m'ouvrir aux autres malgré l'envie de me terrer. Ma vie a changé et j'apprends. Alors avec mon regard différent sur la vie, les autres, la mort, peut-être je saurai aider et amener les autres qui étaient là au début à moins s'enfermer dans leur bulle; leur faire comprendre que la vie continue, certes! Mais que pour nous parents, frère, soeur, grands-parents, elle continue mais de manière totalement différente mais que ce n'est pas contagieux !
    "Ne les décevons jamais. Ils sont notre coeur qui bat, ils nous guident, nous appellent à aller vers l’avenir." J'aime beaucoup cette phrase, Yves.
    Gaëlle RAMAEN
    PS: moi aussi je sais qu'elle est là!

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