Comment raconter l’impensable, la perte d’un enfant ? Gaël Leiblang l’a fait à travers la pièce Tu seras un homme papa, écrite après la mort de son fils Roman atteint du syndrome Charge, une maladie génétique rare. Une œuvre nourrie de résilience, jouée sur scène par cet ancien journaliste devenu comédien – déjà auteur, réalisateur et producteur – afin de survivre au chagrin. Elle est aujourd’hui adaptée pour Arte Radio
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On l’entend y dérouler le drame à la manière d’un commentateur sportif : sur la ligne de départ, un nouveau-né, dans les starting-blocks de son existence. Le petit part avec de sérieux désavantages, mais son père lui murmure : “Je connais les athlètes : grands ou petits, les plus grands champions sont toujours à la limite de la norme”. Avec la combativité d’un coach, Gaël Leiblang multiplie les métaphores émouvantes portées par des acclamations de finales historiques. Il cite comme autant de prières les légendes du sport, dont le boxeur Mohamed Ali : “Vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne”. Une pièce puissante comme un uppercut.
Comment avez-vous transposé à la radio ce seul-en-scène à la dimension physique importante ?
Sur scène, on déclame, à la radio, on se réapproprie la voix en parlant à l’oreille de l’auditeur, avec une certaine tessiture, presque minimaliste. Sabine Zovighian a adapté les dialogues au format podcast, en m’invitant à beaucoup de douceur. C’est agréable de revenir à une sorte de sincérité à travers la voix. Cinq ans après la mort de mon fils Roman, trois ans après la création de la pièce, j’étais prêt à me saisir de ce récit d’une manière plus apaisée.
Le sport, c’est la rampe sur laquelle je m’appuie pour déployer l’émotion !
Quelle nouvelle approche du récit le podcast propose-t-il ?
J’ai découvert la fabrication d’un podcast en racontant l’histoire d’une autre manière, dans une substance hyper réaliste : mes parents, mes enfants ont participé en studio, nous avons même fait des captations de vie de famille à la maison, dans notre boulangerie et notre rue. Le podcast permet de retrouver quelque chose de très vrai. L’émotion en est décuplée dans l’écoute individuelle, proche du réel ; à la différence du théâtre, où l’on est certes seul sur son siège mais aussi dans un collectif de spectateurs face à la scène.
Pourquoi aborder cette histoire comme une épreuve sportive ?
J’ai écrit cette pièce dans une urgence vitale, en me raccrochant au sport. Mon père était rédacteur en chef d’Onze et j’ai moi-même été journaliste sportif. Je connais la sémantique, les chiffres, je peux utiliser le langage employé sur les plateaux de télé. Le sport, c’est la rampe sur laquelle je m’appuie pour déployer l’émotion ! J’étais comme Rocky qui a perdu son fils et s’est relevé pour Adrienne. Si j’avais maîtrisé un autre art, j’en aurais fait la colonne vertébrale de ma pièce.
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