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Les Assises du deuil comme si vous y étiez

Organisées par Empreintes - Paris - 12 avril 2019

Ce 12 avril 2019, dans la salle Clemenceau au Palais du Luxembourg, nous étions une demi-douzaine de bénévoles de l’équipe de l’antenne Île-de-France d’Apprivoiser l’Absence. L’association Empreintes y avait organisé la journée Les Assises du deuil, à laquelle Apprivoiser l’Absence avait apporté son soutien. Chacun de nous récemment intégré(e) à l’équipe ou plus ancien(ne), explique ce qu’il ou elle a ressenti au cours de cette journée. La salle était pleine, le lieu très agréable et l’assistance attentive.

 

Une grande variété de sujets et de thématiques abordés

J’ai été frappé, lors de cette journée, par la grande qualité des intervenants. Les sujets abordés ont été multiples et m’ont ouvert les yeux sur bon nombre de problématiques de l’accompagnement du deuil que j’ignorais, mais aussi sur la multiplicité des acteurs impliqués. Ce qui a été très bien orchestré en réservant l’après-midi aux témoignages de ces acteurs d’horizons aussi divers que ceux du monde de l’enseignement, celui de l’hôpital ou encore de l’entreprise. Pour ce dernier périmètre, j’ai apprécié l’évocation du lien entre la sphère professionnelle et la sphère privée, avec en arrière-plan l’interrogation de la pérennité des aides apportées aux salariés.

En conclusion, cette après-midi m’a permis de découvrir les différents champs d’action où nos associations d’accompagnement pourraient apporter une aide.

Marc Piedallu, équipe d’animation “Parents”, 2018

 

Vers un changement de regard de la société sur les personnes en deuil…

Cette journée de réflexion sur la prise de conscience de cet état particulier qu’est le deuil dans la vie d’un jeune ou d’un adulte et la réponse institutionnelle de l’État ou de la société civile pour soutenir et prendre en charge ce temps unique qu’est la perte d’un être aimé auquel chacun fait face à un moment dans sa vie, ont laissé entrevoir une possibilité de changement de regard sur les personnes qui le vivent. J’ai eu le sentiment que dans cet espace, le deuil pouvait être respecté dans la sphère intime tout en étant partagé collectivement.

En effet, tout au long de ces années, il m’a semblé que la société civile, professionnelle, médicale et aussi dans toutes ces autres dimensions, reléguait trop facilement la mort et le deuil à la dimension uniquement personnelle voire interpersonnelle. Ces Assises m’ont confortée sur l’utilité et l’importance de s’approprier cet état définitivement marquant dans une vie comme faisant partie du domaine de la santé publique dans ses dimensions physiques et psychiques où la prévention peut jouer pleinement un rôle permettant à chacun de vivre ce temps crucial comme une traversée en soi et vers soi, plutôt qu’une assignation à une solitude incommensurable dénuée de lien avec la société dans laquelle chacun, d’une façon ou d’une autre, est amené à vivre.

Timidement, intuitivement et avec conviction des réponses se mettent en place dans les milieux scolaires, professionnels, hospitaliers et associatifs pour soutenir et accompagner ce temps de vie qui autrefois avait sa place dans la collectivité la plus large. Ces Assises ont permis un état des lieux des initiatives mises en place et de projeter le deuil comme une force de mobilisation qui serait l’affaire de tous. Ainsi, cette journée a conforté mon idée que l’engagement au sein de notre Association reste la voie la plus sûre pour aller vers l’autre dans ce qu’il est face à la confrontation de la mort et du deuil.

Valérie Mounier, équipe d’animation  “Parents” depuis 2009, fil rouge animation, 2018

 

Nous ne sommes pas seuls

Le matin, Christophe Fauré, porte-parole incontournable, dont le discours chaque fois plus affiné pose magistralement les questions du deuil… et Lucas Morin, épidémiologiste et heureusement pédagogue, dont l’analyse statistique traduite en termes économiques, devrait peser sur la prise en compte du deuil par les pouvoirs publics. En fin de matinée, Marcel-René Tercinet a dressé un tableau législatif assez complet dont il ressort peut-être que diverses dispositions permettraient déjà la prise en charge du deuil si notre société le reconnaissait.

L’après-midi, le témoignage du Dr Juliette Saulpic, service d’oncologie de la clinique Edouard Rist a bien montré à quel point le personnel soignant était confronté quotidiennement à la mort et comment, sur des initiatives individuelles, le service s’organisait pour y faire face. Ça m’a rappelé des souvenirs…

La présence de personnalités comme Paula La Marne, “bluffante” inspectrice d’Académie, pour le monde enseignant, Laurent Martinez, médecin des Armées adossé à l’expérience militaire, Pierre Marie Argouarc’h, émouvant DRH de la Française des Jeux, nous montre que nous ne sommes pas seuls.

L’extrait du film Destins d’orphelins était très émouvant et quand ce fut le tour de la très brillante Déléguée interministérielle, la salle était trop fatiguée pour lui poser des questions mais rassurée qu’elle occupe cette place au sein du gouvernement.

Une mobilisation qui donne de l’espoir… sous réserve que l’implicite soit bien de mutualiser les compétences et de réunir les acteurs de terrain pour s’engager ensemble dans un meilleur accompagnement du deuil sociétal et associatif.

Olivier Hall, équipe d’animation “Parents”, 2018

 

Les conséquences de la perte d’un proche sur la santé encore méconnues

Comme à chacune de ses interventions, Christophe Fauré a été très juste, sachant mettre les mots qu’il faut quand il faut. De même, Lucas Morin, chercheur épidémiologiste intervenant sur le thème Quel est l’impact du deuil conjugal sur la santé ? , a apporté un nouvel éclairage et démontré que les conséquences de la perte d’un proche sur la santé sont méconnues.

L’étude du Credoc Le vécu du deuil : quelle évolution en trois ans ? a le mérite d’exister mais elle mériterait peut-être d’être enrichie de nouvelles questions. Les résultats de 2018 ne montrent pas de véritables évolutions par rapport au sondage de 2015. Le travail de lobbying d’Empreintes pour faire valoir l’impact social du deuil auprès des pouvoirs publics est utile. Le deuil d’un enfant mériterait amplement d’y tenir une place à part entière.

Sylvia Minem-Christophe, équipe d’animation, 2018

 

Mutualiser nos compétences et nos ressources

Les interventions qui m’ont le plus accrochée sont celles de la session de l’après-midi. Il en est toujours ainsi pour ce qui est de moi : entendre se dire la timidité parce que “c’est la première fois que je prends la parole en public”, les émotions parce que parler de ce que l’on vit au quotidien de ses engagements, engendre de la crainte : “je ne sais pas en quoi cela peut intéresser, c’est juste mon expérience !” et puis voir le chagrin qui se manifeste “parce qu’il n’y a pas longtemps que j’ai perdu…” et la voix qui s’enroue un moment et reprend.

C’était une journée sur le deuil ! Oui ! C’est toujours la surprise, et sa beauté, de découvrir les ressources dont chacun dispose, souvent sans le savoir… et c’est bien là, la force du témoignage : quand le particulier rejoint l’universel et donne à penser.

Et j’ai quitté cette journée, avec le sentiment de notre humanité commune, avec une nouvelle bouffée d’énergie qui (re)vivifie mon propre engagement au sein d’Apprivoiser l’Absence. Et surtout le vif espoir de trouver, en son sein des personnes désireuses de faire vivre le réseau d’accompagnement du deuil en mutualisant, entre associations impliquées, nos compétences et nos ressources.

Dominique Davous, équipe transmission, ancien fil rouge animation, 2000

 

Ensemble, on va plus loin

Cette journée a été une grande source d’informations pour moi. Le programme et le contenu de grande qualité m’ont permis d’avoir une vision plus globale et plus juste du regard de notre société sur le deuil : un regard sombre, ignorant, négligé… un regard difficile qui rajoute du poids à la souffrance des endeuillés.

J’ai aussi appris qu’il existait de grandes inégalités dans la prise en charge du deuil au sein des entreprises (exemples : Armée, SNCF, Française des Jeux). Face à ces constats, la nécessité de changer ce regard s’impose ; des actions doivent être mises en place.

J’ai bien compris et intégré qu’il s’agissait de la volonté de l’association Empreintes, qui est visiblement la seule à être à l’origine des dix propositions soumises en fin de présentation. Et je trouve dommage de ne pas avoir ressenti que ce projet de changement était aussi porté par toutes les autres associations… comme l’a dit un participant : “Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin…”

Nathalie Michalski, équipe d’animation, responsable formation, 2018

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