Quatorze ans que j’ai perdu mon Nicolas, il n’avait que dix-sept ans mais je pense tous les jours à lui, il me manque tellement, je l’aime tant.
Depuis, j’ai parcouru du chemin, rencontré du monde mais finalement je me retrouve continuellement seule car la perte de mon enfant m’a définitivement coupé des autres.
La solitude dans la souffrance !
Lorsqu’on a perdu son enfant, la solitude est un sujet qui revient beaucoup et auquel on n’échappe pas. Pour beaucoup, elle sera provisoire, pour d’autres, elle les accompagnera dans leur vie définitivement.
La solitude ! Je la vis depuis si longtemps depuis que j’ai perdu mon Nicolas et ensuite mon mari dont le cœur a lâché. Les gens qui changent de trottoir ou regardent brusquement leurs chaussures même encore aujourd’hui, je les connais !
Mais ces gens sont bien ignorants, ils ne savent pas que je vis avec mon fils, que je lui parle, que je pense tout le temps à lui, que je l’aime éperdument. Ils ne savent pas ma certitude de le retrouver un jour parce que j’ai la foi qui engendre chez moi une espérance folle; ils ne savent pas tout le chemin que j’ai parcouru pour être à peu près vivante dans ce monde, non !
Ils ne veulent pas savoir parce qu’ils ne veulent pas être dérangés dans leur petit confort, ils préfèrent ne pas me voir, mais en définitive comme la foi me donne des ailes, j’aime ma solitude même si parfois elle est lourde à porter quand la tristesse m’envahit, que les larmes coulent, quand j’aurais tellement envie de partager.
Je l’aime quand même, elle me permet de me recueillir, d’avoir une vie intérieure, de me rendre dans des lieux où j’aime me ressourcer et où je fais de belles rencontres.
Et puis je suis riche d’un bagage inestimable, la rencontre avec d’autres parents ayant vécu le même drame, avec lesquels je peux échanger, partager, nous vivons alors dans le même monde et nous laissons tomber nos masques.
Chantal (de Suisse)
Ma fille Mylène de 31 ans vient de nous quitter fin août brutalement et violemment dans un accident piéton. Elle était artiste, elle aimait le surf et était passionnée par l'univers du loup.
Elle vivait à Seignosse - Hossegor où elle avait trouvé son port d'attache, elle qui voyageait tant à travers le monde pour trouver son inspiration, elle était notre enfant unique.
Depuis quelques jours, ma douleur du chagrin grandit sans en connaître les limites, j'ai peur de ces mots "Apprivoiser son absence".
Marcher pas à pas pour que notre amour vibre à nouveau entre nous, est-ce possible ?
Comment...
Vos mots sont justes et lumineux... La solitude est aussi à apprivoiser, un nouveau compagnon de voyage dans cette valise maintenant si lourdement remplie, ou trouver ce rayon de soleil...
Avec toute ma sympathie,
Olivier
J'ai perdu mon Antoine le 18 janvier dernier âgé de 22 ans, il a décidé de mettre fin à ses jours dans une clinique spécialisée. Nous avons mené avec son père un long combat pour le soutenir, l'accompagner dans ses tourments... Nous nous sommes battus aussi pour lui trouver un lieu une équipe médicale pouvant l'accueillir et l'aider.
Mon Antoine était brillant et différent, il n'a pas su trouver sa place dans notre société. Il avait un mal de vivre incommensurable... A cela s’ajoute la drogue et l'alcool.
Deux heures avant son acte nous avons eu une dispute. Je n'arrive pas à me le pardonner, je n'ai pas entendu son appel au secours cette fois-ci.
Je ne sais pas comment je vais faire. Je fais semblant de vivre, je survis. Il m'est difficile de me lever le matin et de faire comme si de rien n'était toute la journée... Le sourire aux lèvres... Le «ça va ?» du matin ... Ecouter la misère des autres comme s'ils se sentent obligés de raconter la leur pour apaiser la mienne...
Je suis déchirée le cœur vide et lourd. Comment vivre ?
Sylvie A
Nord
Comment concevoir qu'il n'existe plus, comment est-ce possible, comment survivre ? Cinq ans après, rien n'y personne ne peut adoucir mon immense chagrin.
Mon enfant tant aimé m'habite, je le porte partout où que je sois. Je continue la route pour le faire vivre et pour ne pas dévaster un peu plus ma fille.
Depuis je vis en parallèle à côté des autres. Je sais que jamais cet immense chagrin ne me quittera.
J'ai perdu aussi mon fils Nicolas il y a 22 ans (il avait 20 ans).
J'était anéantie, j'ai cru mourir de chagrin. J'ai la chance d'avoir deux autres enfants plus jeunes qui m'on fait de merveilleux petits fils. J'ai envie de vivre aujourd'hui mais j'ai parcouru un long chemin de deuil. Il faut garder courage même si ce n'est pas facile (pour moi dix années de deuil difficile).
J'ai trouvé dans les affaires de mon fils peu de temps après son décès accidentel un livre d'Elisabeth Kubler Ross, La mort est un nouveau soleil, ce qui m'a beaucoup aidé.
Aujourd'hui, je dis que la mort de mon fils m'a ouvert le cœur car je sais maintenant que l'essentiel de la vie c'est l'amour au sens large.
Courage à vous, avec toute mon amitié,
Elisabeth
Pourtant, en ce qui me concerne, je ne suis plus jamais vraiment "posée" nulle part, excepté auprès de mes autres enfants ; parce qu'ils l'aiment, parce qu'il leur manque, parce que je sais qu'ils m'acceptent porteuse de cette marge vénéneuse qu'aucun autre -sauf ceux qui vivent la même chose- ne peut envisager, qu'aucun autre ne supporterait de voir, de fréquenter, en connaissance de cause (enfin, je crois). Je sais que ça rassure tout le monde de voir que la plupart du temps, je vis assez bien, et souvent vraiment très bien. Alors je le fais. De mon mieux.
Je viens à votre rencontre car j’ai besoin de votre éclairage. Une connaissance a perdu il y a 5 ans sa fille de 12 ans dans un accident. Elle m'a partagé son immense douleur, je suis touchée mais si démunie.
Nous habitons loin l'une de l’autre.
Je me trouve très maladroite, et j'ai peur d'être plus pesante qu'une ressource pour elle.
J'aimerais la soutenir mais comment ? Un immense merci pour votre aide.
Marie-Hélène
S'il n'y avait pas son frère, je crois que ma vie n'aurait plus de sens.
La mort d'un enfant nous plonge dans une solitude absolue et rien ni personne ne peut nous consoler.
C'est irrémédiable!
Au bout de 28 ans que "mon" Nicolas a disparu (il n'est pas parti, je ne crois pas, mais quoi qu'il en soit, il n'a plus "paru", sauf en rêve), à 16 ans 1/2, je continue de parler de lui encore et encore, et de dire "mes fils" au passé, sans autre explication : pendant ce temps, il vit, dans le passé.
Etc.
Même ressenti, même solitude devenue mon amie, introspection, regard décalé ou avant-gardiste, connexion avec notre enfant ....
Nous sommes toutes fortes et pleines de courage.
Amitiés,
Gaëlle
Mon fils Boris (26 ans)a décidé de nous quitter le 17/03 dernier. Il était bon pour les autres mais probablement pas assez pour lui-même; nous sommes sidérés, anéantis ; et cherchons à comprendre...
Une rupture affective (amoureuse) difficile à surmonter a eu raison de ses moteurs de vie. Nous le pleurons quotidiennement. Notre coeur est amputé.
A 20 ans, on attend tout de l'autre, à 30 ans on comprend que ce n'est pas Dieu.
J'aimerais tellement pouvoir lui exprimer un peu plus encore ma fierté, mon admiration de le voir s'être construit une belle personne; notre fils va nous accompagner jusqu'à la fin de nos jours.
Pour tous ceux qui sont là vivants, ses grands-parents, ses cousins, son frère de 14 ans, je garde l'espoir d'une vie apaisée en union de pensée avec son esprit.
Nous chantions souvent ensemble en voiture et quand certains morceaux passent à la radio et que je suis au volant, je regarde le siège passager et je vois mon fils qui chante. Il avait 20 ans et a lutté 9 ans contre le cancer.