Quatorze ans que j’ai perdu mon Nicolas, il n’avait que dix-sept ans mais je pense tous les jours à lui, il me manque tellement, je l’aime tant.
Depuis, j’ai parcouru du chemin, rencontré du monde mais finalement je me retrouve continuellement seule car la perte de mon enfant m’a définitivement coupé des autres.
La solitude dans la souffrance !
Lorsqu’on a perdu son enfant, la solitude est un sujet qui revient beaucoup et auquel on n’échappe pas. Pour beaucoup, elle sera provisoire, pour d’autres, elle les accompagnera dans leur vie définitivement.
La solitude ! Je la vis depuis si longtemps depuis que j’ai perdu mon Nicolas et ensuite mon mari dont le cœur a lâché. Les gens qui changent de trottoir ou regardent brusquement leurs chaussures même encore aujourd’hui, je les connais !
Mais ces gens sont bien ignorants, ils ne savent pas que je vis avec mon fils, que je lui parle, que je pense tout le temps à lui, que je l’aime éperdument. Ils ne savent pas ma certitude de le retrouver un jour parce que j’ai la foi qui engendre chez moi une espérance folle; ils ne savent pas tout le chemin que j’ai parcouru pour être à peu près vivante dans ce monde, non !
Ils ne veulent pas savoir parce qu’ils ne veulent pas être dérangés dans leur petit confort, ils préfèrent ne pas me voir, mais en définitive comme la foi me donne des ailes, j’aime ma solitude même si parfois elle est lourde à porter quand la tristesse m’envahit, que les larmes coulent, quand j’aurais tellement envie de partager.
Je l’aime quand même, elle me permet de me recueillir, d’avoir une vie intérieure, de me rendre dans des lieux où j’aime me ressourcer et où je fais de belles rencontres.
Et puis je suis riche d’un bagage inestimable, la rencontre avec d’autres parents ayant vécu le même drame, avec lesquels je peux échanger, partager, nous vivons alors dans le même monde et nous laissons tomber nos masques.
Chantal (de Suisse)
Pourtant, en ce qui me concerne, je ne suis plus jamais vraiment "posée" nulle part, excepté auprès de mes autres enfants ; parce qu'ils l'aiment, parce qu'il leur manque, parce que je sais qu'ils m'acceptent porteuse de cette marge vénéneuse qu'aucun autre -sauf ceux qui vivent la même chose- ne peut envisager, qu'aucun autre ne supporterait de voir, de fréquenter, en connaissance de cause (enfin, je crois). Je sais que ça rassure tout le monde de voir que la plupart du temps, je vis assez bien, et souvent vraiment très bien. Alors je le fais. De mon mieux.
Je viens à votre rencontre car j’ai besoin de votre éclairage. Une connaissance a perdu il y a 5 ans sa fille de 12 ans dans un accident. Elle m'a partagé son immense douleur, je suis touchée mais si démunie.
Nous habitons loin l'une de l’autre.
Je me trouve très maladroite, et j'ai peur d'être plus pesante qu'une ressource pour elle.
J'aimerais la soutenir mais comment ? Un immense merci pour votre aide.
Marie-Hélène
S'il n'y avait pas son frère, je crois que ma vie n'aurait plus de sens.
La mort d'un enfant nous plonge dans une solitude absolue et rien ni personne ne peut nous consoler.
C'est irrémédiable!
Au bout de 28 ans que "mon" Nicolas a disparu (il n'est pas parti, je ne crois pas, mais quoi qu'il en soit, il n'a plus "paru", sauf en rêve), à 16 ans 1/2, je continue de parler de lui encore et encore, et de dire "mes fils" au passé, sans autre explication : pendant ce temps, il vit, dans le passé.
Etc.
Même ressenti, même solitude devenue mon amie, introspection, regard décalé ou avant-gardiste, connexion avec notre enfant ....
Nous sommes toutes fortes et pleines de courage.
Amitiés,
Gaëlle
Mon fils Boris (26 ans)a décidé de nous quitter le 17/03 dernier. Il était bon pour les autres mais probablement pas assez pour lui-même; nous sommes sidérés, anéantis ; et cherchons à comprendre...
Une rupture affective (amoureuse) difficile à surmonter a eu raison de ses moteurs de vie. Nous le pleurons quotidiennement. Notre coeur est amputé.
A 20 ans, on attend tout de l'autre, à 30 ans on comprend que ce n'est pas Dieu.
J'aimerais tellement pouvoir lui exprimer un peu plus encore ma fierté, mon admiration de le voir s'être construit une belle personne; notre fils va nous accompagner jusqu'à la fin de nos jours.
Pour tous ceux qui sont là vivants, ses grands-parents, ses cousins, son frère de 14 ans, je garde l'espoir d'une vie apaisée en union de pensée avec son esprit.
Nous chantions souvent ensemble en voiture et quand certains morceaux passent à la radio et que je suis au volant, je regarde le siège passager et je vois mon fils qui chante. Il avait 20 ans et a lutté 9 ans contre le cancer.